Le souffle de l'espoir... {libre}

Le jour disparaissait lentement sous l’horizon tandis que la lune, dans sa pâleur de cristal entamait son règne nocturne. Le ciel se parait alors de son voile d’étoiles faisant définitivement disparaitre la clarté du soleil. Peu à peu, les épicéas et autres arbustes de la forêt venaient étirer leurs ombres tordues sur le sol comme des fantômes, immortels et secrets. Perdue sur cette terre de mystère, Mei avançait presque malgré elle vers cet inconnu qui l’absorbait. Seul le bruit de ses pas venait rompre le silence qui régnait dans la vallée pourtant, c’était bien là que se trouvait ce qu’elle cherchait. Voyant la nuit tomber, elle accéléra. Le froid mordant de la montagne lui piquait les joues tandis qu’elle serrait les poings dans les poches de sa veste pour éviter que ses doigts ne s’engourdissent. Elle avait oublié combien le charme de l’hiver était redoutable surtout en cette période de l’année mais heureusement, au bout de quelques minutes de marche rapide, elle put enfin l’apercevoir.

Devant elle, au cœur d’une clairière, se dressait un immense bâtiment gardé par une lourde grille noire en fer forgé. De là où elle était, Mei pouvait apercevoir de petits points lumineux qui étaient sans doute les dortoirs. Les jardins, malgré l’obscurité ne perdaient rien de leur splendeur. Les plantes y poussaient dans une harmonie presque trop parfaite créant une véritable fresque florale. On pouvait aussi entrevoir un lac qui reflétait comme un miroir l’image de la lune. La jeune femme s’arrêta un moment, s’agenouillant à quelques mètres de la bâtisse comme si après tout ce chemin, elle pouvait encore avoir peur de ce qui l’attendait ici. Faisait-elle le bon choix ? Après tout, ce n’étaient que de simples rumeurs locales qui l’avaient conduite jusqu’ici…

Finalement, elle releva les yeux et s’avança vers la porte. Elle jeta un dernier regard en arrière et entra dans les jardins. L’allée principale était bordée de jolis arbustes qui donnaient à l’école une allure princière. Mei marchait lentement, prenant le temps de regarder tout autour d’elle comme pour photographier ce paysage surréaliste qui l’entourait. Ce qui lui semblait étrange, c’était ce calme, cette sérénité qui se dégageait de cet endroit. C’était tellement différent de ce qu’elle avait vécu ces derniers mois. Et tandis qu’elle avançait, la neige se remit à tomber. Elle leva les yeux vers le ciel un moment et se remit à avancer. Elle pouvait désormais voir distinctement l’intérieur du bâtiment avec son grand hall, ses salles de classes et même la bibliothèque où certains étudiants semblaient encore s’affairer. Cela l’effraya légèrement bien qu’elle ne laissait rien paraitre. Et si tout cela était faux ? Si le chemin parcourut ne menait à rien ? Le cœur lourd, elle poussa la seconde porte de l’établissement mais celle-ci qui était en bois lui parut encore plus dure à pousser que la précédente comme si une fois encore, elle redoutait le pire.

A l’intérieur, l’ambiance était joviale, presqu’à la fête. Des groupes d’élèves se baladaient de ça de là, se racontant les derniers ragots à la mode. Dans un coin, un couple s’embrassait tandis qu’un professeur passait en haussant les sourcils. Les murs étaient couverts d’affiches ou de tableaux, donnant une touche colorée au blanc immaculé qui couvrait le hall du sol au plafond. Mei s’avança encore un peu, entrant complètement dans la pièce. Elle avait des traits fins et fatiguées. Ses vêtements semblaient délavés ou vieillis comme si elle les avait portés trop longtemps. Elle passa sa main dans ses cheveux les recoiffant légèrement avant de desserrer l’écharpe qu’elle avait nouée autour de sa gorge. Elle ne connaissait rien de cet endroit et ne savait pas vraiment quoi faire ni même où aller. Après quelques minutes, elle se décida à monter au premier étage.

Elle fit le tour complet des deux premiers étages en deux heures puis lorsqu’elle arriva au troisième elle bifurqua, monta un nouvel escalier et se retrouva sur le toit. Là se trouvait un chemin de ronde, déserté de tous ce qui ne la gênait pas outre mesure. Elle n’avait jamais été quelqu’un de très sociale et la solitude lui paraissait bien souvent le meilleur des refuges. Elle s’avançait, le pas léger, profitant du panorama que lui offrait la hauteur. Désormais, il faisait totalement nuit et même les lumières du pensionnat s’éteignaient les unes après les autres. Il devait être déjà bien tard lorsque Mei appuya son dos contre la paroi de pierre du chemin de ronde. Elle s’assit sur le sol, fermant les yeux un instant pour écouter le silence murmurer. Ici tout semblait si calme, si paisible, c’était soudain presque facile de vider son esprit et de ne plus penser à rien. Néanmoins, le froid la rappela à la vie, lui rappelant combien il était dangereux pour un humain de rester sans bouger aussi longtemps. Les jambes engourdies, les mains glacées et les joues roses, elle finit par se lever, redescendant dans l’enceinte du bâtiment. Tout était éteint dans les couloirs et même les élèves les plus rebelles avaient finis par s’endormir. Mei s’aventura dans les couloirs, trouvant appuis sur un rebord de fenêtre, elle posa sa tête contre la vitre fraiche et regarda la lune un moment. Mais dans un pensionnat, il est rare d’être si seul et Mei n’allait pas tarder à avoir de la visite. Restait à savoir si ce serait une bonne ou une mauvaise rencontre …

{*}

Jake avait décidé de faire un petit tour à l'extérieur car il était incapable de dormir. Il détestait l'hiver et surtout le froid mais il avait vraiment eut besoin de se changer les idées. Le jeune homme avait beaucoup changé depuis l'incident qui avait ravagé l'ancien pensionnat et bien qu'il gardait toujours le sourire et faisait des folies, il ne s'était jamais vraiment remit de la perte de son amour. Le remords de n'avoir pas voulu sortir cette soirée là, alors qu'elle lui avait proposé quelques heures avant le drame, d'aller ce promener le hantait toujours. Il ne pouvait s'empêcher de pensé que s'il avait accepté sa proposition, elle serait encore là aujourd'hui. Lui qui croyait passer le reste de sa vie avec elle...Que pouvait-il vraiment faire? Il se sentait coupable de ce qui s'était passé mais ne pouvait la faire revenir.

Cela lui prit un an avant de s’en remettre… enfin, reprendre une vie qui semblait être normal. Il y eut dans cette période plusieurs moments ou il avait presque réussit à s’ôter la vie à cause que sa malédiction qui le poussait de plus en plus dans le désespoir. Heureusement que ses tentatives avaient tous échouées et que ses amis l'avaient aidés à retrouver le sourire. Lorsqu'il avait réalisé ce qu'il était en train de devenir qu'il décida de tout repartir à zéro sans tout fois oublier son passé.

Pour tenter de se changer les idées, Jake se mit à faire des entrainements intensifs et gagna beaucoup dans la masse musculaire. Il maitrisait aussi beaucoup plus son pouvoir et était devenu un redoutable adversaire au combat. Ne voulant pas quitté le pensionnat après ses études, il demanda au directeur s’il pouvait devenir un surveillant ou encore aider les nouveaux à contrôler leur pouvoir. S’était sa vie maintenant ici et s’il devait partir, il ne savait vraiment pas ce qu’il allait devenir. Il connaissait comment les gens normaux traitaient ceux qui étaient différents. Le pensionnat était la seule maison qui lui restait et le seul endroit ou il arrivait à accepter son passé.

Jake entra dans le pensionnat complètement gelé. Il avait passé seulement une heure tout au plus dehors et il se sentait vraiment malade. Il rêvait déjà à l'été ou il pourra passé ses journées à l'extérieur sans avoir peur de mourir congelé! Il ne supportait pas du tout ce genre de température.

Il se mit a marché dans les corridors ne savant pas trop quoi faire de sa soirée. Il savait très bien qu'il n'arriverait pas à dormir ce soir. Il remarqua alors une élève qui était appuyé sur le rebord de la fenêtre. Curieux, il s'approcha de la jeune fille. Elle semblait être nouvelle.

- La lune est magnifique tu ne trouves pas?

Il lui sourit et lui tendit la main en signe de bienvenue.

- Qu'est-ce que tu fais ici? Il se fait tard! Je ne t'ai jamais vu au pensionnat. As-tu besoin d'aide pour trouver les dortoirs?

Il est vrai que Jake semblait tout droit sortit d'un film de pirate avec son cache oeil. Le monde qui le connaissait bien aurait pu savoir qu'il n'allait pas très bien ce soir là. Lorsqu'il était de bonne humeur, il s'amusait à faire la révérence au petit nouveau ou faire le bouffon pour enlever le stress qu'ils avaient lorsqu'ils arrivaient au manoir. Ça l'amusait toujours de voir leur réaction même si cela lui rappelait sa première journée au pensionnat...

Depuis la vitre du pensionnat, Mei pouvait apercevoir la lune flottant à la surface de l’eau comme un fantôme dansant au rythme lent des ondulations de l’eau. Pendant un moment, son esprit se perdit dans cette vision, se remémorant ces rares instants où elle pouvait voir ses parents. Ces moments là étaient les seuls au cours desquels elle redevenait une enfant normale. Ils lui manquaient tant…. Un bruit de pas lui fit reprendre conscience de l’endroit où elle se trouvait, puis ce fut une voix qui vint rétablir le contact avec la si triste réalité.

Mei détourna la tête, découvrant le visage d’un jeune homme. Et presque instinctivement, son regard s’arrêta sur cet unique œil qui l’observait. Cet œil avait un éclat étrange, comme empli de sentiments contraires qui rendaient la pupille de l’étudiant étonnement brillante et redoutablement captivante. Puis le garçon cligna des yeux et la jeune femme laissa alors son regard le parcourir rapidement. Il avait une apparence différente des autres. Il portait un bandeau ou plutôt un cache œil qui donnait à son visage souriant une part d’ombre, cachant un inavouable secret. Ses cheveux en bataille et ses vêtements légèrement défaits lui donnaient un air désinvolte, comme les héros d’aventures, ces corsaires sans peur à la recherche de merveilleux trésors. Et une fois qu’elle eut analysé l’énigmatique jeune homme, elle releva la tête vers la lune un moment.

- Et la lune qu’elle avait regardée si longtemps avait posé l’un de ses rayons tout contre sa poitrine pour tenter d’apaiser sa si douloureuse peine, mais sa clarté si pâle ne pouvait réchauffer le cœur déjà glacé de l’enfant endormie …

Alors Mei attrapa la main tendue du jeune homme et descendit du rebord de la fenêtre, se posant lentement sur le sol, elle murmura :

- La lune est tout simplement magnifique, comme un rêve de soleil.

Elle fit quelques pas dans le couloir pour se dégourdir les jambes et pivota pour à nouveau lui faire face.

- A vrai dire, je ne sais pas vraiment pourquoi je suis là. Peut-être que j’ai besoin de me reconstruire moi aussi, tout comme cet endroit. L’incendie, l’histoire de cet incendie et les rumeurs m’ont poussé à franchir le seuil de ce pensionnat sans que je sache réellement ce que je pourrais y trouver.. Je pense qu’il n’existe pas un seul endroit qui puisse m’accueillir à part celui-ci.

Elle soupira et s’avança vers le jeune homme en laissant entrevoir un léger sourire.

- Je m’appelle Mei et je ne cherche pas vraiment les dortoirs, je ne dors plus vraiment de toute façon et puis personne ne sait que je suis là alors je crois que je ferais mieux de trouver le directeur ou d’attendre demain puisqu’il est déjà si tard. Mais tu ne m’as pas dis ton prénom ..

Elle le regardait en penchant légèrement la tête, attendant sa réponse. Elle voulait connaitre le nom de celui qui avait su capté son regard.

Jake regarda Mei droit dans les yeux pendent de longues minutes. La pauvre jeune fille ne semblait pas avoir eut la vie facile. Il l'observa attentivement alors qu'elle marcha un peu pour se dégourdir les jambes. Ses cheveux étaient en bataille comme si une bourrasque de vent les avaient décoiffés et son regard était vide et froid et ses vêtements semblaient avoir fait leur temps. Elle avait été attiré par les rumeurs qui courrait sur le pensionnat. Mei semblait chercher un endroit qui voudra bien l'accueillir.

- Je suis certain que tu vas trouver ta place ici. C'est un de ses rares endroits qui accepte les gens qui on des don assez spéciaux. C'est un merveilleux endroit pour vivre.

Elle s'approcha alors de lui avec un léger sourire et se présenta. Mei... s'était un jolie nom. La pauvre semblait totalement perdu et ne croyait probablement plus beaucoup à la vie. Qu'est-ce qu'elle a pu vivre pour la rendre ainsi? Il pencha légèrement la tête alors que des souvenirs traversa son esprit.

- Je m'appelle Jake Johnson pour vous servir, je suis heureux de faire ta connaissance Mei!

Il se força à faire la révérence le sourire au lèvre.

- Je crains que le directeur dors en ce moment ou du moins, il doit être bien occupé et ça tombe bien car moi non plus je ne dors pas beaucoup!

Il se gratta les cheveux un moment. Il pourrait bien la laisser partir et poursuivre son chemin mais cela ne faisait pas de mal un peu de compagnie. Il savait comment s'était agréable de ne pas se retrouver seul lors de sa première journée. Son sourire diminua légèrement mais il fini par secouer la tête.

- On pourrait se promener un peu et je pourrais te faire visiter si tu en as envi. De toute manière je ne crois pas que je risque de fermer l'oeil de la nuit...

Il la regarda attendent une réponse. Si elle refusait, s'était bien dommage mais elle ne pouvait pas faire grand chose pour le faire changer d'idée. Après tout, il était un parfait inconnu pour elle devait le prendre pour un bouffon de la manière qu'il était habiller et interagir.

Des dons … Qui pouvait parler de don ? Ces « talents » qu’on accordait à certain d’entre nous n’avaient rien de bénéfique. C’était une malédiction, un poison qui coulait en nous prêt à tuer à n’importe quel moment. Comment pouvait-il l’ignorer ? Les pouvoirs n’étaient pas des dons, ils n’avaient rien à voir avec un cadeau que nous envoyait le ciel. Ça vous rendait simplement différent, ça réduisait votre vie au néant, ça anéantissait ce que vous étiez et ce que vous auriez pu être. Lorsque l’on devient un monstre, car c’est ainsi que les gens nous appelle, on est amené à tout perdre. Ne jamais avoir la chance de connaitre le bonheur, la joie d’être aimé.. Toutes ces choses qui font que votre vie a un sens si infime soit-il et bien tout ça pour les monstres c’est interdit. Et c’est ce que pensait Mei au plus profond d’elle-même. Et c’est pourquoi les paroles du jeune homme la marquèrent à ce point. Il n’y avait pas d’espoir pour les gens comme elle. Ils étaient condamnés.

Elle l’écouta se présenter, elle le regardait sourire, il paraissait si normal, si humain. Pourquoi ? Ne se rendait-il pas compte qu’il était dangereux, qu’elle l’était elle aussi ? Pourquoi est-ce qu’il avait l’air heureux alors qu’elle n’avait droit qu’à la tristesse et à la morosité ? Elle était poursuivie par ses souvenirs, elle avait les yeux cernés par ses insomnies. Qu’avait-elle cru trouvé ici … De l’espoir, du réconfort ? Elle était perdue. Elle était morte avec les autres dans les décombres de la clinique. Son cœur se serrait dans sa poitrine. Elle avait envie de lui hurler de se taire un moment mais elle n’y arrivait pas. Elle avait l’impression de revivre ce jour si sombre de son histoire. Peu à peu, elle sentait ce flux de pouvoir monter en elle et jaillir comme l’explosion d’un volcan. Il ne fallut pas plus de quelques minutes à ses mains pour s’enflammer. Mei n’arrivait pas à se contrôler, elle sentait que la crise prenait possession d’elle. Il fallait qu’elle fasse quelque chose et vite sinon elle allait enflammer le couloir tout entier.

Elle essaya de se calmer, de respirer mais rien n’y faisait. Le feu la gagnait malgré elle.

-Tu vois .. Personne ne peut être heureux ici, pas même-moi. Je ne suis qu’un brasier humain, c’est ça ma véritable nature .. Etre un danger aux yeux de tous ! Et cette chose là qui vit en moi n’a rien d’un don ! C’est juste une malédiction qui a le désir de tuer ..

Mei ne bougeait plus et le feu gagnait peu à peu tout son corps. Comment allait-elle faire pour arrêter ça avant qu’il ne soit trop tard..

Jake la regarda un moment alors qu'il voyait comment la pauvre petite était cernée pas la fatigue et le désespoir. Elle n'avait pas trouvé encore sa place. Il connaissait ça. Il avait en quelques sorte passé par la lorsqu'il était plus jeune. Vivre dans le néant était terrible et malgré son sourire et sa façon enjouée de réagir, il vivait lui même dans un moment de grande noirceur. La seule chose qui arrivait encore à lui faire changer les idées était l'entraînement et aider les autres. S'était son chemin de survie. L'endroit où il cherchait à comprendre la vie, à lui trouver un sens. En regardant Mei, il pouvait voir sa détresse, sa tristesse, sa peur devant le vide. Il ne serait pas étonné qu'il croie qu'elle était un monstre. Le jeune homme le croyait toujours en tout qu'à. On préférait dire qu'on était différent pour rendre la vérité moins lourde et pouvoir l'accepter plus facilement, mais ils étaient tous des monstres. L'homme a toujours le don de trouver une manière de contourner la vérité.

Soudain, il sentit la jeune fille bizarre alors que de la chaleur sortait de son corps. Au début, il ne comprit pas ce qui lui arrivait, mais lorsqu'il vit ses mains s'enflammer, il comprit rapidement ce qui se passait. La pauvre perdait le contrôle de son pouvoir. Par chance, Jake était complètement immunisé contre le feu. Au contraire, il adorait la chaleur des flammes. Elle se mit alors dire qu'on ne pouvait être heureux et qu'elle était un danger pour tous. Jake sourit alors que les flammes commençaient à gagner sur le corps de l'élève et il lui prit les mains malgré le feu. Il n'avait pas mal, au contraire, comme il revenait de dehors, il sentait que cette chaleur lui faisait le plus grand bien.

- Mei, ne dis pas des choses pareilles. Tout le monde a le droit d'être heureux et les brasiers humains ne me font nullement peur! Crois-moi!

Jake tenta de maîtriser le feu qui était en train d'envelopper Mei et du même fait, empêcher que quelque chose brûle autour d'eux. Il lui sourit.

- Ce que tu ressens au fond de toi, ce n'est pas un monstre. C'est une femme. Une femme qui ne cherche qu'à s'épanouir. Il ne faut pas la combattre, mais l'apprivoiser. Moi aussi je croyais que mon don était une malédiction au départ, mais j'ai aussi découvert qu'il me permettait aussi de protéger mes proches du mieux que je pouvais... même si certains évènements sont hors de notre contrôle. Le feu n'est pas simplement un destructeur.

Il lui sourit alors qu'une boule de feu apparut derrière l'homme. Celle-ci se transforma en petit oiseau qui voulait autour d'eux. Jake sentit alors son coeur lourd. La dernière fois qu'il avait fait apparaître son oiseau en flamme, s'était avec son âme sœur.

- Tu voix, c'est aussi une passion, une chose délicate qu'il faut que tu apprennes maîtrisé, à comprendre. Ici, tu trouveras ta place, crois-moi. Tu n'as plus à te cacher ici et si tu veux, je t'aiderais à contrôler ton pouvoir.

L'oiseau disparu alors qu'il attira Mei contre lui pour la serrer dans ses bras. S'était la première fois qu'il voyait quelqu'un qui avait le même pouvoir que lui... mais depuis combien de temps devait-elle être seule pour penser ainsi?

Malgré le feu qui gagnait tout son corps donnant l’impression qu’elle brûlait vive, Jake s’approcha d’elle encore plus prêt s’appretant à lui prendre les mains. Mei voulait le repousser, lui dire qu’il risquait de s’enflammer lui aussi mais étonnamment, sa chaleur ne semblait pas lui faire de mal. Elle sentit sa paume contre la sienne, surprise de voir qu’elle ne l’embrasait pas à son tour. C’était si étrange d’avoir enfin quelqu’un face à soit qui ne parte pas en courant ou en hurlant sorcière avec un regard de dégout. Se laissant bercée par les mots de Jake, Mei essayait de retrouver son calme, parvenant peu à peu à éteindre son corps de feu.

Elle avait du mal à croire que le feu puisse être bénéfique. Elle avait détruit tout ce qu’elle aimait à cause de son pouvoir et elle s’en était toujours voulu. Et même si l’oiseau de feu qu’avait crée Jake lui paraissait comme sorti d’un rêve, elle ne parvenait pas à prendre conscience de ses paroles qui lui semblaient absurdes. Elle aurait simplement voulu naitre normale et pas ressembler à ce phénomène de foire qu’elle avait été toute sa vie. Elle détestait ce don plus que tout au monde et elle aurait tout donner pour s’en débarrasser définitivement mais plus elle essayer de lutter contre ce don maléfique, plus ses crises étaient régulières et dangereuses. Et tandis qu’elle revoyait encore ces images morbides qui ne la quittaient jamais, elle sentit des bras encercler sa taille. Elle releva alors les yeux sur Jake, rougissant légèrement derrière son rideau de flamme. Elle enfouit alors son visage contre son torse en fermant les yeux. Cela allait faire des mois qu’elle n’approchait plus personne par peur de s’enflammer mais là, elle ne pourrait rien lui faire et ça la rassurait un peu. Elle était triste et avait presque envie de pleurer sans que toutefois une seule larme ne roule sur ses joues.

-Tu ne me connais pas Jake. Le feu est dangereux, instable, il est peut-être possible de le maitriser mais je refuse de croire qu’il soit un jour bénéfique .. Tu ne sais pas ce qu’on ressent à devoir fuir sans cesse par peur de toucher quelqu’un et de le voir s’embraser sans pouvoir l’aider.. Je ne suis pas quelqu’un de bien et je n’aspire pas à le devenir. Mes cauchemars me rattraperont toujours pour me rappeler ce que je suis. Un monstre et rien de plus.

Mei se releva, étant redevenue de chair et d’os. Elle marcha un peu dans le couloir, restant silencieuse. Elle se demandait combien d’élèves occupaient le pensionnat, combien d’entre eux elle pourrait tuer sans le vouloir rien qu’à cause de son pouvoir qui s’activait parfois sans raison apparente.

-Je ne sais pas si j’arriverais réellement à vivre ici. Mais j’étudierais moi aussi .. Pour essayer de croire que je peux dompter cette chose..

Puis elle s’avança à nouveau vers Jake et enflamma sa main qu’elle savait maitriser. Elle toucha alors le bandeau du jeune homme qui partit en fumée découvrant une large cicatrice. Mei fit disparaitre les flammes qui entouraient sa main et elle frôla la cicatrice de l’étudiant.

-Cette blessure, c’est la même que je porte au fond de moi mais je ne peux la cacher… Tu es quelqu’un de bien Jake, tu devrais sourire plus souvent.

Mei resta là accroupie près de lui à regarder cette œil manquant sans aucun dégout. Elle ignorait comment allait réagir Jake car elle avait agit spontanément sans mesurer la portée de ses actes. Elle l’aimait bien et essayer simplement de se montrer un peu plus humaine. Après tout les amis ne doivent rien se cacher …

Elle semblait se calmer petit à petit au grand plaisir de l'étudiant. Mei enfouie alors son visage contre lui et ferma les yeux. La pauvre, cela devait faire un moment qu'elle devait être en manque d'affection. Il avait passé pas la plus jeune, mais il s'était vite pris en main pour contrôler son pouvoir et contrairement à elle, il n'avait pas vraiment tué de gens par manque de contrôle. Enfin… pas beaucoup du moins, mais les pertes avaient été comme un couteau dans le coeur pour lui, car ceux qui étaient morts de son manque de contrôle avait tous été des proches importants dans sa vie. La pauvre ne voulait pas croire que le feu pouvait aussi être quelque chose de bien. Pourtant, il était possible de le maîtriser, du moins une assez grande partie pour pouvoir en faire quelque chose de bien. Il en était la preuve. C'était vrai que le jeune homme ne maîtrisait pas encore totalement son don, mais il était tout de même à un niveau très haut.

- … Tu sais très bien ce que tu ressens Mei. La peur de toucher les autres, je l'ai connue aussi et si tu penses que je n'ai fait que des choses bien dans ma vie, ce n'est pas vrai. Le feu est une lame à double tranchant. Tu as le feu de l'enfer, celui que tu dis être dangereux, néfaste, mais tu as aussi celui de la passion, du courage, de la détermination et….

Il allait dire celui de l'amour, mais il en fut incapable. Cette flamme s'était éteinte pour lui et il en était certain qu'elle restera ainsi. De toute manière, il aurait beaucoup trop peur de l'amener tout droit vers la mort. Il avait eu que deux blondes dans toute sa vie. La première, il avait perdu le contrôle et l'avait tué… et sa deuxième, tout le monde connaissait l'histoire. Jake préféra alors ne pas poursuivre sa phrase. De toute manière, elle se leva et marcha dans le couloir, perdu dans ses pensées.

- Je suis certain que tu vas trouver un moyen. Je peux t'aider à contrôler ton pouvoir et puis tu auras la conscience tranquille, car tu auras beau tenter de me brûler, ça ne te mener a rien!

Elle se retourna alors de nouveau vers lui et enflamma sa main qu'elle semblait avoir maîtrisée. C'était encore une preuve qu'elle pouvait parfaitement contrôler ses flammes. Il lui fallait qu'un petit coup de pouce et ça, Jake était près à le lui donner. Elle approcha alors tranquillement sa main de son visage. Sur le moment, le jeune homme ne se doutait pas de ses intentions, mais lorsqu'elle déposa sa main sur son bandeau, il comprit rapidement et son sourire disparut instantanément. Complètement figé alors qu'elle frôla son horrible cicatrice. Son oeil aussi blanc de la neige semblait alors la regarder alors qu'il sera les poings sous le choc et la frustration. Les paroles qu'elle lu dit aurait du lui faire ressentir de la compassion…. Et sourire plus souvent? Ce n'était pas ce qu'il tentait de faire depuis deux ans. Deux longues années pénibles et prisonnier de ses bons souvenirs!

Il fixa Mei un moment alors qu'une de ses mains s'enflamma, prêt à la frapper alors que la frustration montait en lui aussi vite qu'un feu de forêt. Comment avait-elle pu? S'il y avait une chose qu'il détestait, c’était bien de ne plus avoir son bandeau. Les images de moqueries revenaient dans sa tête… le dégoût que le monde pouvait avoir en regardant cette horrible cicatrice qui le défigurait. D'avoir peur de cet oeil qui semblait lire votre âme… ce dégoût envers lui même, car il savait parfaitement qu'il l'avait mérité cette cicatrice. La marque qui lui rappelait le temps où il avait terrorisé la ville, qu'il avait tué des innocents et que par sa faute, par ses actes, on avait tué sa famille… Non… c’était en enfer qu'il avait reçu cette marque et sa malédiction… Dès qu'il reprit ses sens, il mit rapidement une main sur son oeil pour le cacher de nouveau.

-… non ça….. tu ne peux pas comprendre….. tu ne touches pas à mon bandeau. PERSONNE n'a le droit de me l'enlever, ni même de le toucher.

La seule personne qu'il avait vraiment acceptée ce genre de chose était morte. Pourtant, Mei le regardait sans dégoût, sans moquerie et elle ne se sauvait pas… Il la pointa alors avec sa main enflammer. Il était beaucoup plus agressif que tout à l'heure.

- Personne ne doit voir…. ne refais JAMAIS ça!

Mei regardait Jake dont le sourire s’était évanouit. Sa main était venue couvrir sa cicatrice et cet œil aveugle qui fixait le monde sans le voir. La colère gagnait peu à peu son corps entier si bien que son autre main s’enflamma, prête à frapper. Ses mots qui avaient su être si indulgents s’étaient transformés en de véritables lames aussi tranchantes que celle des rasoirs. Son regard foudroyait l’audacieuse jeune femme qui avait osé toucher ce bandeau, et faire tomber la si mince frontière entre l’humain et le monstre… Car ce genre de blessure s’insinue en vous si profondément qu’elle vous change pour toujours. Certain font le choix de l’oublier pour tenter de vivre avec elle et de l’apprivoiser, d’autres ne pourront jamais oublier toute la souffrance et la peine qui sont liées à cette blessure.

Mei pouvait sentit sa main brûlante prêt de son visage. Cette chaleur était très puissante, poussée à son maximum par cette rage qui animait soudain Jake. Mais la jeune femme n’était pas effrayée car tout comme lui, le feu ne pouvait pas lui faire de mal. Elle retira sa veste et tira d’un mouvement vif sur la manche de son t-shirt. Celle –ci se détacha, glissant lentement dans la main de l’étudiante. Elle se redressa alors, passant derrière Jake, elle posa le morceau de tissu sur son œil qu’il semblait tellement haïr. Elle noua alors les deux parties de la manche ensembles pour maintenir le bandeau sur son œil. Lorsqu’elle eût terminé, elle attrapa la main de Jake dans la sienne. La chaleur intense qu’elle dégageait fit qu’un frisson parcourut le corps tout entier de Mei.

-Excuse moi, de t’avoir brusquer de la sorte, c’était maladroit de ma part .. Je sais combien il est difficile de raviver les vieux souvenirs. Je ne voulais pas te blesser, je suis désolée..

La jeune femme regardait son œil unique qui étincelait encore, d’un rouge vif, celui de la colère. Elle n’avait pas les mots aussi conciliants que ceux de Jake, et elle ne savait pas vraiment comment s’y prendre pour réconforter quelqu’un. Elle se souvenait qu’autrefois, dans le centre, lorsque l’une de ses crises se déclenchait, sa mère lui chantait une chanson dont elle avait oubliés les paroles aujourd’hui.. Mais elle se rappelait pourtant avoir entendu une chanson qui pourrait peut-être apaiser Jake comme elle l’était quand sa mère entamait cette éternelle comptine.

-Sometimes we fall apart
Okubyou ni natte shimau kedo
Kitto hito wa soko kara nanika wo mitsukedaseru hazu

Take my hand
Moroku fukanzen na futari dakara
Zutto te wo tsunaide iru..

Mei avait une voix mélancolique et douce qui semblait faite pour chanter sans qu’elle en ait réellement conscience. Elle avait découvert la musique après avoir détruit le centre et trouvait cela tellement dommage de n’avoir pu connaitre ce genre de chose qu’au dépend de tant de vie.

-Ça dit que nous pouvons toujours tirer quelque chose de notre passé et qu’il suffit parfois de tendre la main à la bonne personne pour pouvoir se reconstruire.. Peut-être que c’était comme ça que ça devait se passer, toi tu dois m’aider à contrôler mon pouvoir et en retour je dois t’aider à avancer. Marché conclu ?

Mei eut un léger sourire ce qui était plutôt rare. Elle se demandait ce qui pouvait bien se passer dans la tête de Jake et s’il était toujours aussi fâché, après tout, ce ne serait pas la première fois qu’elle serait rejetée.

Lyrics by Olivia Lufkin, Starless night

Jake se retenait de toutes ses forces pour ne pas blesser Mei alors qu'il sentait sa rage tripler au fond de son être. Elle avait fait une énorme erreur en lui enlevant son bandeau. Ses flammes étaient puissantes et étaient prêtes à frapper à tout moment. Il tentait de comprendre comment elle avait pu, un instant vouloir regarder derrière se bandeau qui cachait cette horreur qui avait fait fuir bien des personnes. La jeune fille avait en quelque sorte raison... ils étaient tous des monstres à leur façon. Jake avait tenté de l'enterrer, mais il restait toujours les cicatrices et celle-ci était la plus douloureuse.

La nouvelle déchira alors son chandail pour ensuite se mettre derrière lui et lui attacher un tissu sur son oeil mort. Si l'homme ne contrôlait pas autant son pouvoir, tout son corps aurait flambé. Elle attrapa sa main en flammé et s'excusa de l'avoir brusqué... brusquer n'était pas le mot, mais elle lui assura qu'elle ne voulait pas le blesser. Jake était toujours aussi en colère. Ses flammes avaient même augmenté d'intensité. C’était une chance que la jeune fille n'était pas affectée par le feu... soudain, elle se mit à chanter. Il resta un moment complètement figer alors que sa voix mélodieuse lui chantait une chanson. Il ne comprenait pas vraiment ce qu'elle disait, mais les flammes diminuèrent tranquillement.

-... Tendre la main de la bonne personne.

Une grande tristesse l'envahit. Il l'avait trouver cette personne, mais elle n'avait pas vécu longtemps. Avec elle, il oubliait complètement son passé, ses erreurs et profitait de la vie et ce chaque petit moment passer à ses côtés. Était-il possible de trouver une nouvelle personne capable de le redresser? Une personne qui lui permettrait de sourire de nouveau comme avant et de ranimer son coeur rouiller par toutes ses larmes qu'il avait fait couler... non, il ne croyait pas que s'était possible.

-... Celle qu’il me fallait est morte. Il n'y a plus rien à faire! Je reste ici pour protéger les étudiants, mes amis et ceux qui le méritent. Je lui là pour remonter le moral des autres et d'aider les élèves à contrôler leur pouvoir et pour apprendre à maîtriser totalement le mien. Je reste parce que c'est la seule maison... j’en suis pas ici pour me reconstruire. Ce qui est brisé est brisé... on peut le recoller, mais il y a de ses évènements qui marquent tellement une vie qu'elle est insurmontable....

C’était tout le contraire de ce qu'il disait aux autres, mais en ce moment, il n'avait que des pensées très négatives. Pourtant, il semblait penser parfaitement ce qu'il disait. Il tentait de se convaincre du contraire, mais maintenant, il n'y arrivait pas. Jake prit alors une grande inspiration et sembla tranquillement retourner à la normale. Il regarda Mei dans le blanc des yeux alors qu'il réalisait qu'elle avait finalement peut-être raison... peut-être!

-... Je.... oublie ce que je viens de dire... tu as raison. J'ai besoin de quelqu'un pour me faire avancer et toi, une personne pour apprendre à te contrôler... alors si tu es prêtes à me supporter, j'accepte, mais je ne te garantit rien sur mon sujet...

» Un peu d'air frais ne fait pas de mal [Libre]
» Une arrivée, des soucis. [Libre]
» Un voyageur affamé... (libre 1 personne)
» Marche sous la neige [libre]
» Découverte du nouveau pensionnat (libre)