Dans l'ombre des souvenirs ... {Terminé}

Le souvenir du bonheur n'est plus du bonheur ; le souvenir de la douleur est de la douleur encore.
-Georges Gordon-

Il faisait nuit et la douce fraicheur de l’obscurité enveloppait les bois dans un manteau de brume. Seule, perdue au milieu des arbres, une ombre glissait dans le noir. Elle semblait s’être échappée de la vieille église avançant avec lenteur comme une âme errante cherchant la lumière au milieu des ténèbres.

Christian avait passé les derniers jours ici vivant comme un reclus. Il avait caché le nécessaire vital dans la chapelle et demeurait ainsi, cloitré entre ces murs de pierre, dans le seul endroit où il se sentait libre d’hurler sa détresse. Et quel meilleur endroit qu’une église pour se laisser mourir et renaitre ? A la fois lieu de baptême et d’oraison funèbre, un lieu parfait selon Christian. Et aujourd’hui, il marchait dans les bois avec sa solitude, rentrant à la maison ou du moins dans le seul endroit qui avait bien voulu l’accueillir. Le regard vide et la gorge sèche, il avait encore du mal à cacher son état malgré lui. Mais son orgueil et sa fierté se chargeaient de le faire avancer la tête haute. Il entra dans le pensionnat par les sous-sols, passant prendre une douche et des vêtements propres qui le rendraient peut-être un peu plus crédible.

L’eau ruisselait sur son visage, faisant disparaitre les quelques traces de sang et de boue mêlées qui ternissait son teint de porcelaine. La tête appuyé contre le mur, il tentait en vain de se vider l’esprit et d’oublier l’horreur de ses derniers jours. Il endurait cela depuis si longtemps maintenant. Etait-ce encore raisonnable à son âge de se jouer ainsi de la vie ? Car bien qu’il ne s’en plaigne jamais, sa situation, il la détestait. Il ne supportait plus cette douleur, il en avait assez de jouer la comédie, il était las de son rôle et pourtant il continuait à lutter chaque jour, préservant cette image si dure qu’il s’était forgé. Et si on osait le questionner, il se mettait à sourire, un petit sourire hautain et narquois en répondant toujours qu’il avait mis la mort à ses pieds et qu’ainsi il pouvait vivre à sa guise. Il n’avait aucun cœur et il méprisait les autres mais seulement parce qu’au fond il se détestait lui-même et c’était toute cette haine, cette rage qu’il avait en lui qui l’avait poussée à devenir si froid et si hautain. Alors, il passait sa veste en queue de pie et s’engouffrait dans les couloirs, le regard fier et le buste droit, comme l’aristocrate qu’il avait été autrefois et il recommençait à jouer, éternellement puisque tel était sa peine.

Il flâna un peu, jetant autour de lui des regards de dédain à ceux qui osaient le regarder. Finalement, il sortit un trousseau de clefs et enfonça l’une d’elle dans une serrure qui cliqueta pour laisser entrer le surveillant. La bibliothèque était l’endroit que préférait Christian, surtout la nuit lorsque celle-ci était déserte. Il posa ses clefs dans l’un des tiroirs du bureau des retraits et avança dans les rayonnages. Une lumière fébrile éclairait l’allée centrale, créant d’interminables ombres qui glissaient sur le sol comme des fantômes. La pièce était immense, un véritable labyrinthe de corridors et d’étagères qui montaient jusqu’à la voûte formée par le toit. Christian s’engouffra dans l’une des allées, caressant les livres du regard. Sa main se posa sur un ouvrage vieilli à la couverture verdâtre. Il sortit avec précaution le livre de son étagère et s’installa dans l’un des fauteuils que contenait la pièce. Il lut un moment puis son esprit s’évanouit dans le souvenir. Son premier livre, ses premières amours mais aussi ces premières déceptions. Il se rappela alors la première fois où il s’était consumé et sa douloureuse renaissance. Il savait beaucoup de chose aujourd’hui sur les Phénix. Il connaissait les bienfaits de leurs larmes, le pouvoir de leur plume mais la seule chose qu’il ignorait encore s’était comment tuer une telle créature. A vrai dire cette question l’avait souvent agité au début de son existance puisque les suicides à répétitions du jeune homme n’avaient mené à rien. Mais aujourd’hui encore cette question restait sans réponse. Il soupira et se plongea à nouveau dans ce livre qu’il aimait tant : L’étrange cas du docteur Jekill et de Mr Hyde.

Soudain, il entendit un bruit. Quelqu’un venait à son tour d’ouvrir la porte de la bibliothèque. Son pas était léger et régulier, presque imperceptible. Christian toutefois ne bougea pas. Il faisait mine de ne pas avoir entendu et ce fut seulement quand la personne lui sembla assez proche qu’il dit.

-Ce n’est pas très prudent de ce promener à une heure pareille …

Il se retourna alors, posant son livre sur la table pour découvrir le visage de celui qui venait de perturbe ses égarements nocturnes.

{*}

Gabriel ne pouvait fermer l'oeil...en fait, depuis deux ans qu'il n'avait pas fermer l'oeil...pas une seule nuit depuis son réveil sous-terrain, complétement absent de souvenir. Cette nuit-là, sa première nuit, avait été mouvementé, il avait rencontré le directeur un peu plus tôt et avait appris les circonstances de sa mort, mais rien de plus sur son identité passé. Il s'était ensuite nourri d'un délicieux élève lors d'un merveilleux souper au lit avec l'étudiant. Il l'avait presque vider de son sang en lui faisant l'amour, puis lui avait arraché le coeur. Ce fut ensuite la rencontre avec Elliot/Nyme... rencontre assez étrange, c'était le cas de le dire. Après l'avoir quitté, il se dirigea vers la bibliothèque en cherchant partout... il aurait peut-être du explorer un peu l'école avant. Bref, il trouva la porte débarrer. Il en profita pour entrer et il se devait de chercher où ils cachaient les archives. Mais il fut surpris par une personne qui semblait se trouver tout près...

- Je pourrais vous dire la même chose...

Il restait sur ses gardes, cette personne était peut-être comme les élèves, c'est-a-dire une personne remplie de mauvaise intentions et qui le regarderait avec un regard rempli de jugements...mais il était habituer à ce regard... même s'il faisait toujours mal...Mais Gabriel était prêt à l'attaquer au moindre signe d'hostilité... son coeur battait la chamade...il avait faim...

Christian eut un petit sourire en entendant les propos du gêneur. Cette audace, ce mordant avaient quelque chose de plaisant. Le surveillant le toisa, détaillant avec minutie le visage du jeune homme. Ces yeux étaient sombres, ayant perdus cette étincelle de vie qui rappelle encore notre appartenance au monde des mortels. Son iris orné de noir était envoûtant et pourtant il témoignait aussi de toute l’horreur qu’avait dû voir cet œil qui avait perdu toute son intensité. Ses longs cheveux et son teint blême ne faisait qu’ajouter à cette apparence presque cadavérique qu’il avait. Pourtant sa prestance savait faire de lui quelqu’un de solide et de surement dangereux. Christian le sentait tendu, il était sur ses gardes et il avait raison. Bien que pour l’instant, il n’ait pas l’intention de faire quoi que ce soit, il aimait faire régner ce genre de climat. La tension était palpable et l’adrénaline était un sentiment aussi délicieux que la luxure aux yeux du surveillant. Et puis, son œil d’expert avait remarqué un détail qui lui donna l’envie de faire connaissance.

-Tu sembles bien sûr de toi pour un élève.. Cela me laisse donc deux options te concernant soit tu es complètement idiot soit tu es un peu plus qu’un simple élève… Mais dis-moi, de qui as-tu hérité tes jolies canines ? Papa, maman à moins qu’on ne t’ait arraché violemment à ta misérable humanité.. Dans le fond ça aurait quelque chose de poétique ou de pathétique en fait.

Christian le regardait, friand de découvrir sa réaction. Allait-il bondit sur lui, allait-il à son tour lancer une réplique cinglante ? Les paris étaient ouverts et cela amusait beaucoup le surveillant. Il y avait bien longtemps qu’il n’était plus effrayé à l’idée de mourir ou même de ressentir la douleur. Et puis Christian avait mené beaucoup de recherche tant sur son propre cas que sur les autres. Il s’y connaissait aussi bien en Phénix qu’en autres créatures mythiques ou jugées inexistantes. Sirènes, succubes, doppelgägers, il connaissait leur descriptif par cœur. Bien sûr, il était beaucoup plus facile de rassembler des données concernant les vampires car depuis toujours, ils fascinaient. C’est pourquoi Christian était si avide d’informations concernant le vampire. C’était comme de voir un chercheur recevoir un nouveau cobaye. Ses yeux plongés dans ceux du jeune homme, il attendait, un sourire en coin attaché à ses lèvres.

Le voilà...ce regard...un des plus perçant qu'il n'avait jamais vu auparavant. Il n'était pas en train de le juger comme un étant un monstre, Gabriel ne ressentait pas la peur dans ses yeux...mais il se sentait scruter...comme si l'homme fouillait les moindres recoins de son âme. Pourtant, Gabriel faisait de même de son coté, même s'il n'avait de souvenir que des deux dernières années, depuis le moment où il a sorti de son cercueil, il pouvait deviner que l'homme en avait vécu des expériences. Son petit sourire en coin énervait Gabriel, comme s'il était sur du coup qu'il préparait...si du moins il en avait un derrière la tête. Gabriel croyait au plus profond de lui même qu'il était le seul dans cette école avec des pouvoirs magiques, ne se souvenant pas de ce qu'il avait vécu de son vivant avec tous les élèves aux pouvoirs incroyable qui l'entourait, alors en ce moment, il se croyait fortement supérieur à l'homme qui l'observait. Mais les propos de l'homme l'énervait fortement.

*Il a vu mes canines...et il semble connaître les vampires...je me doutais bien que je n'étais pas le seul de mon espèce...en est-il aussi?*

- Au risque de te décevoir, je ne suis pas un élève ici, un simple voyageur cherchant un abri pour l'hiver...Pour ce qui est de mes canines...ce n'est aucunement de vos oignons...

*Entre nous deux je ne sais pas qui est le plus pathétique...*

Le coeur de Gabriel battait encpre la chamade...de la sueur perlait sur son front, mais il restait encore de marbre face à la situation. L'envi de sang, de tuer, de relâcher certaines pulsions ne se faisait pas voir sur son visage...il scrutait toujours les yeux de l'homme sans jamais cligner des yeux, il pourrait bien rester ainsi pendant des heures, mais la faim et l'envie le prenait de plus en plus.

Christian le laissa le dévisager sans perdre son sourire. Il sentait bien que son attitude agaçait le vampire car bien qu’il garde le même visage impassible, son ton était rude et sévère. Mais cela ne dérangeait pas le surveillant outre mesure, bien au contraire, cela l’enchantait. Il était rare que l’on ose lui tenir tête ou lui parler de la sorte surtout lorsque l’on connaissait l’étendue de son pouvoir et sa manière peu catholique de s’en servir contre ses pauvres victimes. Il avait une fois encore l’envie de jouer avec la mort. D’ailleurs, il semblait que son ami ait un peu de mal à retenir ses instincts les plus primaires car les goutes de sueur qui perlaient sur son front n’avaient pas échappé à l’œil averti de Christian. Il s’approcha du vampire, sortant un mouchoir de sa veste et essuyant le front du vampire d’un geste.

-Mes paroles t’auraient-elles blessée malgré moi ? Je cherchais seulement à faire connaissance voyons, pas la peine de sortir les crocs.

Christian glissa alors ses lèvres contre la tempe du jeune homme. Il avait lu beaucoup de chose sur les vampires et savait notamment combien il leur était difficile de retenir leur pulsion lorsque leur victime se trouvait à proximité. Mais le surveillant aimait jouer sur la corde sensible de ses invités et c’est pourquoi ce petit manège l’amusait autant.

-Tu devrais peut-être prendre le temps de t’assoir et de boire quelque chose, tu as l’air … assoiffé.

Christian murmura ce dernier mot en un souffle au creux de l’oreille du vampire passant l’une de ses mains dans les longs cheveux de celui-ci. Puis il passa derrière le jeune homme et l’invita à prendre un siège avec une classe anglaise implacable. Oui décidément, Christian adorait jouer la comédie.

L'homme s'était approché de Gabriel avec un mouchoir pour essuyer la sueur qui perlait sur son front...

* Ne t'approche pas de moi ainsi...*

Il était beaucoup trop près...Il jouait avec ses nerfs...

*Ne me parle pas de boire...est-ce qu'il sait qu'il joue avec sa propre vie? Calme toi Gabriel...*

Le dernier mot qu'il dit à l'oreille sur un souffle le fit tressaillir légèrement...ses yeux devinrent pratiquement lourd...il avait chaud, très chaud et son coeur battait de plus en plus vite. L'homme passa derrière lui, l'invitant à s'asseoir...Il regarda une fois de plus yeux de l'homme, sans cligner. Son pouvoir d'hypnose s'activa, il n'avait toujours pas conscience de ce pouvoir, mais il savait qu'il s'activait lorsqu'il n'en pouvait plus...lorsqu'il avait trop chaud, lorsqu'il ne tenait plus en place et que la tentation devenait trop forte pour être résisté. Il voulait boire le sang de cette homme. Sentir son sang couler dans sa gorge et ressentir cette pulsion qu'il ressenti il y a quelques heures avec l'un des anciens étudiants de l'école. Planter ses deux crocs dans la jugulaire de l'homme, le vider de son sang et l'embrasser, lui faisant boire son propre sang pendant qu'il respirait encore, lui faire sentir toute la peur, lui faire comprendre qu'il allait bientôt mourir et que son seul cadeau d'adieu allait être le fougueux baiser d'un homme, lui faisant gouter son propre sang. Il s'approcha de lui, le fixant toujours droit dans les yeux, ses crocs étant parfaitement visible.

- J'espère que tu sais que tu joues avec ta vie en ce moment... avant de te tuer...dis moi...connais-tu un certain...Gabriel Mendez...

Il l'empoigna par le collet, ne contrôlant pas sa force, il le souleva de Terre et le plaqua sur un mur tout en le fixant de son regard presque vide, le corps près de celui de l'homme.

Le vampire tressaillit au contact de Christian et ce bien malgré lui. Le jeune homme semblait de plus en plus désireux de le mordre. Christian pouvait le lire dans ses yeux où sa soif de sang se reflétait comme un éclair rouge dans ses iris pourtant si sombres. D’ailleurs, il ne lui fallut pas longtemps pour sortir les crocs. Mais Christian n’avait pas peur pour autant, bien au contraire, c’était là le début du jeu. Il eut un petit rire avant de répondre au vampire.

-Moi qui m’attendais à quelque chose de mordant, ou de poétique au moins… C’est d’un triste.

Christian tentait toutefois d’éviter sa question tandis que le jeune homme l’attrapait par le col, le plaquant contre l’un des murs de la bibliothèque. Malgré tout, quelque chose poussait le surveillait à répondre. Il ne savait pas pourquoi mais il se sentait d’humeur coopérative bien que sa réponse ne change sans doute pas grand chose à la suite des événements.

-Je ne le connais pas … Mais même si je savais qui il est je préférerais jouer encore un peu avant d’avouer.

Le surveillant le regarda avec un sourire assuré, sans aucune once de crainte dans ses yeux. Il continuait à fixer intensément le vampire. Il remarqua d’ailleurs qu’une de ses mèches tombait légèrement sur son visage et il tendit la main pour la replacer.

-Tu as l’air d’avoir terriblement faim .. Tes pupilles sont dilatées, elles veulent du sang n’est-ce pas ? Combien de temps encore pourras-tu résister ?

Comme pour encore torturer l’envie du vampire, Christian se mordit la lèvre tout en plongeant son regard dans le sien. Un léger filet rougeoyant coula au coin de ses lèvres souriantes. Ça avait quelque chose de démoniaque et c’en était presque terrifiant. Mais au fond c’était cela qui plaisait à Christian. Il ne le disait jamais assez, les meilleurs rencontres se faisaient à la bibliothèque.

*Il ne me connait pas... il ne fait donc pas partie de ma vie...un être tout a faire inutile...mais qui semble gouter tellement bon...pourquoi est-ce qu'il me tente comme ça? Il semble savoir que je suis un vampire...mais il tente encore de me faire craquer...il veut que je le morde on dirait...mais tu dois résister...pas tout de suite...*

Il lui lécha le sang qui coulait de la lèvre qu'il venait de se mordre...du sang...c'était toujours aussi merveilleux de gouter cette texture. Il embrassa l'homme sur la bouche, fermant les yeux pour apprécier le moment.

- Toi... comment est-ce que tu sais que je suis un vampire? Tu n'arrête pas de me tenter depuis tout a l'heure...tu semble en connaître un rayon sur les vampires...es-tu aussi prêt à te faire vider de ton sang pour ainsi jouer avec ta vie

Il l'empoigna par le cou et serra fortement tout en l'embrassant de nouveau.

- Tu veux jouer avec moi, alors je vais jouer avec toi si c'est ce que tu veux.

Son coeur battait de plus en plus vite, il ne pourrait plus résister bien longtemps...l'appel du sang... n'avais jamais été aussi forte depuis ces deux dernières années....il avait tellement chaud, qu'il du utiliser son pouvoir pour enlever son manteau et sa chemise sans l'aide de ses mains qui étaient occuper à étrangler le cou de l'homme.

Christian fixait le vampire droit dans les yeux, se demandant combien l’épreuve devait être difficile. Il n’avait encore jamais rencontré de vampire auparavant et c’est pourquoi le jeune homme l’intéressait autant. Et puis l’avantage d’être pour lui un Phénix était que personne ne pourrait le découvrir car il n’en avait aucun signe apparent et c’est pour cela qu’il tenait tant à jouer. Il savait très bien que le vampire ne le tuerait pas totalement et qu’à sa résurrection il saurait venger dignement sa mort. Néanmoins sa résistance était pour le surveillant digne d’admiration.

*Tiens, il se rapproche.. A-t-il enfin décidé de craquer ?*

En effet, le vampire rapprochait dangereusement sa bouche acérée de crocs de son visage mais contrairement à ce qu’envisageait Christian, il se contenta de passer sa langue sur le chemin de sang qui se dessinait sur ses lèvres. Mais le vampire ne s’arrêta pas là, il vola un baiser au surveillant qui fut surpris par cette attention mais ne le laissa pas entrevoir. La scène lui parut presque surréaliste. Personne ne l’embrassait du moins pas sans y avoir été contraint. Le vampire devenait décidément très intéressant.

-Des canines aiguisées, le teint blême, des éclairs rougeoyant dans les yeux, une force surhumaine et depuis quelques minutes, le plaisir que je lis en toi rien qu’à t’avoir vu gouter mon sang… Voilà ce qui me permet de dire que tu es un vampire.

Christian se pencha vers le vampire pour lui murmurer à l’oreille.

-J’allais presque oublier il y a aussi le charme naturel, enfin je dirais plutôt la beauté empoisonnée …

Finalement Christian se redressa et le fixa droit dans les yeux à nouveau, se demandant ce qui trottait dans la tête du vampire.

-Tu as raison, j’en sais beaucoup sur les vampires mais c’est parce que je ne suis qu’un humble rat de bibliothèque. Les livres sont passionnants … Quant à ma vie, il y a bien longtemps qu’elle ne tient plus qu’à quelques fils. Mais soit sur de ceci, je n’ai pas peur de toi. Ca doit être intéressant pour un vampire non ? Enfin une victime à ta mesure, qui ne te suppliera pas de lui laisser la vie sauve en pleurant …

Sur ces derniers mots, Christian sentit les mains du vampire se refermer sur son cou le laissant tout juste respirer tandis que ses lèvres froides venaient à nouveau se poser sur les siennes. Le surveillant l’observait car lui aussi avait décidé de jouer. Le jeune homme utilisa son pouvoir pour se déshabiller. Son corps si froid semblait se réchauffer sous cette étreinte. Il y avait bien longtemps que Christian n’avait pas ressentit ce genre de sentiment. Malgré le manque d’oxygène qui lui faisait tourner la tête, il rendit son baiser au vampire avec fougue. Il avait été un séducteur pendant si longtemps que sa technique était imparable. Puis il utilisa son pouvoir d’illusion pour faire apparaitre un pieu dans sa main. Il s’amusa alors à le faire glisser sur le torse sur vampire avant de l’érafler légèrement. Son don était parfaitement au point, et Christian le maitrisait d’une main de maitre, allant jusqu’à faire ressentir une légère douleur au vampire sous l’effet de la coupure.

-Quelqu’un qui s’y connait aussi bien que moi .. Il serait décevant qu’il n’ait pas de quoi se protéger sur lui non ?

Christian arborait un large sourire, se demandant ce qu’allait faire le vampire désormais puisque le jeu semblait devenir fort intéressant.

Le vampire était prêt à le mordre, il n'en fallait pas beaucoup, mais le beau salaud semblait avoir un pieu avec lui et il s'amusait a le faire glisser sur lui, allant même jusqu'à l'érafler, mais Gabriel le fit revoler avec son pouvoir. L'homme n'ayant plus son pieu dans les mains, Gabriel continua de l'embrasser, faisant augmenter ses pulsions.

- Tu es bien l'adversaire parfait, tu n'as pas peur, mais laisse moi te dire que tu semble être mal préparé. Alors je vais te faire souffrir intensément avant de te vider de ton sang.

Tout en l'embrassant aussi fougueusement, il aspira l'air de dans les poumons de l'homme qui commençais à avoir de la misère à respirer. Il lui laissa le temps de reprendre son souffle, puis refit le même manège.

- Alors on aime moins ça maintenant?

Lui laissant le temps de reprendre encore son souffle, le vampire utilisa son pouvoir pour ôter les vêtements de l'homme.

- Alors dis-moi, si tu es vraiment sans peur comme tu le prétend, où veux-tu que je te morde? Ici? (En lui baisant le cou) Ici? (En plaçant sa main sur son coeur) Ou bien ici? (En empoignant férocement l'engin de l'homme)

Souffrir intensément.. Si seulement le vampire avait la moindre idée de ce que vivait Christian chaque mois, il saurait parler avec sagesse de qu’était la véritable souffrance. Pouvez-vous imaginer un instant quelle douleur on pouvait ressentir à se consumer tissu par tissu, membre par membre jusqu’à n’être plus qu’un tas de cendres ? Et renaitre de cet état de poussière était encore bien plus douloureux. Chacun des os de Christian devait se ressouder un à un lui infligeant à chaque nouvelle phalange, un supplice plus insupportable encore. Alors ce n’était surement pas un simple vampire qui allait lui faire goûter à l’amertume de la douleur.

D’ailleurs, le surveillant sentait que la soif du jeune homme arrivait à son paroxysme. Il rejeta le poignard illusoire crée par Christian qui le fit disparaitre presque aussitôt. Le vampire avait décidé de jouer avec l’une des rares choses qui permettait à l’homme de rester en vie. L’air. Le surveillant pouvait sentir ses poumons se vider jusqu’à le faire suffoquer puis se remplir à nouveau avant de le ramener au seuil du supportable. Et bien que les soupirs de Christian l’empêchent de garder son sourire narquois qu’il aimait tant, cela ne l’empêchait pas de garder un moral d’acier et cela s’avérerait surement bien vite utile.

D’un geste, le vampire mit à nu le corps du surveillant qui vu de l’extérieur semblait vivre un calvaire au moins aussi pénible que celui de Jésus lui-même. Il posait ses doigts de meurtrier un peu partout sur son corps, se demandant quel endroit serait le plus approprié pour en finir. Et c’est précisément à ce moment là que Christian décida d’utiliser son pouvoir. Vu la proximité entre les deux hommes, l’illusion n’en serait que plus facile à manœuvrer. Le surveillant fit apparaitre quatre doubles, des sosies parfait de lui-même, semblable en tout point à leur créateur. L’un d’eux attrapa le poignet du vampire et l’enserra fermement jusqu’à entendre un craquement. Le choc occupa le vampire un moment car bien qu’il soit mort, il ressentait la douleur comme s’il avait été humain. Le vrai Christian le repoussa alors et il se mit alors à jouer de ses doubles comme de vraies marionnettes. Ils plaquèrent le vampire au sol, le maintenant de force. Puis leur visage se changèrent en d’affreuses faces sans visage avec juste une énorme bouche ornée de canines acérées comme des rasoirs. De la bave coulait de leur gueule d’animaux, se répandant sur le torse nu du vampire.

-On dirait qu’il est l’heure de passer à table… Attendez le chef viens de me prévenir qu’on changeait de menu, ce soir c’est vampire pour tout le monde !

Un rire cristallin tout autant que sordide retentit dans le noir et les clones sans visages de Christian se mirent à dévorer le corps du vampire. Le sang giclait sur les murs et le sol et sur les faces impassibles des dévoreurs. Des entrailles et des morceaux de chair volaient de part et d’autre de la pièce. Partout, le sang se répandait comme une pluie de rosée. On entendait ses os craquer tandis que les sans visages continuaient leur office, ne semblant jamais rassasié du corps du vampire. Lorsqu’ils eurent enfin fini, ne laissant le vampire qu’à un fil de la fin, Christian se pencha sur lui et le regarda droit dans les yeux.

-Ne croit pas être sur ton terrain ici. Personne ne joue de ma vie comme il l’entend, surtout pas un vampire..

Bien sur, tout ce qui venait d’arriver n'était qu’une illusion merveilleusement orchestrée par l’esprit du surveillant. Mais ce qu’il fallait savoir sur le don de Christian c’était que bien qu’il ne tuait jamais ses victimes, elles étaient tout de même toujours capables de ressentir la douleur et l’approche de la mort de la même manière que si ce qu’elles vivaient était réel. C’est pourquoi Christian ne doutait pas de l’effet de son manège sur le vampire tandis qu’il ramassait ses affaires et se rhabillait. Il fit finalement réapparaitre le pieu dans sa main et s’approcha à nouveau du vampire.

-Dernière volonté ?

L'homme fit apparaître des double de lui-même qui attrapèrent Gabriel, lui cassant presque le poignet. Il avait mal certes, mais il ne cria point, il avait ressenti la douleur auparavant...se rappelant de la douleur qu'il avait subi lors de son réveil...se rappelant vaguement de la douleur qu'il avait ressenti à sa transformation. Les quatre double perdirent leur visage pour faire apparaitre des gueules bavantes qui dégoulinaient sur le torse nu du vampire. Puis, il se fit soudainement lacérés de partout. La chaire revolait, le sang giclait, mais aucun son ne sortit de sa bouche, il se retenait de crier, se jurant de faire payer cet homme de ce qu'il avait fait. Il se voyait mort ... de nouveau... L'homme se rhabillait alors que Gabriel souffrait le martyr sans un cri, sans un son. Le vampire était toujours retenu au sol par les doubles de l'homme qui avait encore une fois le pieu dans la main et qui lui demandait s'il avait une dernière volonté...le vampire ne se le fit pas dire deux fois. Il expulsa les doubles, les emprisonnant dans une bulle d'air pressurisée et attrapa l'homme, puis lui lui enfonça les canines dans la jugulaire, faisant éclabousser le sang, autant sur le visage de Gabriel que dans sa bouche, qui aspirait déjà tout le sang que l'homme pompait. Il n'en restait maintenant plus une goute.

- Désoler, mais toi, tu ne deviendras pas un vampire, tu es trop chiant comme humain...pas besoin d'un enculer comme toi parmi nous.

Parmi nous... il se voyait vraiment comme un monstre...un monstre buveur de sang qui n'avait presque plus d'humanité en lui. Il lui arracha le coeur d'une force surhumaine et l'écrasa sur le mur. Il enleva les pantalons de l'homme...le vampire se sentant toujours excité...il le pris par derrière et laissa sortir ses pulsions avant d'aller se rhabiller.

Christian regardait le vampire. Le dédain se lisait dans ses yeux et la cruauté aiguisait son sourire. Il était une bonne victime au final, lui au moins ne se mettait pas à hurler de douleur et à supplier. Lui qui n’était plus qu’un mort vivant avait au moins encore quelque qualité comme le courage par exemple. Néanmoins, le jeu finit par aller un peu trop loin au goût du vampire qui décida de se venger d’avoir été (in)justement traité comme un repas.
Le jeune homme utilisa un pouvoir qu’il avait expérimenté sur Christian quelques instants plus tôt. Il semblait maîtriser l’air et utilisait ce don à la perfection. Voyant ces doubles ainsi suspendu à quelques mètres du sol, le surveillant eut presque envie de rire mais le vampire ne le lui en laissa pas le temps. Ses yeux noirs semblaient soudain être devenus rouges vifs. Il se jeta sur Christian comme l’animal qu’il était, plantant ses deux crocs dans son cou. Un frisson parcourut le corps du surveillant sentant l’haleine chaude du vampire sur sa nuque. Il pouvait sentir sa vie s’éteindre à chaque nouvelle exaltation du monstre. La bête jubilait, la tête couverte de sang rougeoyant et chaud qui ne faisait que rappeler la sauvagerie et la cruauté dont était capable tout vampire rester un peu trop longtemps dans un caveau.

Puis pour ajouter encore à l’horreur de la scène, le vampire plongea sa main dans la poitrine de Christian et il sut que cette fois c’était la fin. Le sang remonta dans sa bouche où il ruisselait comme une cascade écarlate. La suite, les yeux du surveillant ne la connaissent pas. Tout ce dont se souviendra Christian est écris ici. Le reste n’est que néant, un espace sombre où évolue l’esprit du surveillant comme une âme errante attendant de retrouver son corps.

Car ce qu’ignorait le vampire c’est qu’il fallait bien plus que ça pour pouvoir mettre un terme à la vie tortueuse de ce cher Christian.. Lorsque le monstre eût disparu et que la bibliothèque fut à nouveau calme, le corps de Christian disparut pour ne plus être qu’un tas de cendres calcinées. Durant toute la nuit, le corps du surveillant se recomposa, une douloureuse transformation qu’il endura sans bruit.

-Ce n’est pas encore aujourd’hui que tu rejoindras les profondeurs Winchester…

Assise dans l’un des fauteuils de la bibliothèque la Mort regardait la nouvelle renaissance de Christian.

-Ma nouvelle manière de mourir ne vous a-t-elle pas amusée ? Moi qui pensais que vous veniez faucher mon âme une bonne fois pour toute.

-Tu es bien trop fier de toi Winchester, quel dommage que ton cœur n'ait pas battu assez longtemps pour assister à ton propre viol qui était en effet assez amusant .. En fait, c'était tout à fait digne de toi Christian, bas et méprisant..

Il perdit alors son assurance et baissa les yeux un instant devant celle qui l’avait maudit à jamais puis elle disparut comme elle était venue, ne laissant rien derrière elle si ce n’est cette froideur morbide qui lui était propre. Nu au milieu de la pièce, Christian regarda le soleil se lever sur le pensionnat.

-Vampire, si je venais à croiser à nouveau ta route, sache que j’attiserais la braise sous tes pas pour faire de ta morose vie un chemin de croix plus douloureux encore que l’enfer…

Sur ces paroles, il accrocha à nouveau un de ces affreux sourire dont il avait le secret sur ses lèvres et disparut dans les couloirs pour rentrer dans ses appartements avant qu’on ne le croise ainsi vêtu de sa tenue d’Adam.

» une arrivée un peu trop remarquée -terminé-
» /!\ Mettre une image dans vos messages /!\
» Cours n°1 : Comme un poisson dans l'eau !