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 Satoyo "Arisa" Mittsume [Working on it~]

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3 participants
AuteurMessage
Makise Satoyo

Makise Satoyo


Messages : 9
Date d'inscription : 08/01/2011
Age : 30

Fiche Résumé
Age: 30+
Un(e) Elu(e) ?: -
Don(s)+Niveau:

Satoyo "Arisa" Mittsume [Working on it~] Empty
MessageSujet: Satoyo "Arisa" Mittsume [Working on it~]   Satoyo "Arisa" Mittsume [Working on it~] EmptySam 5 Fév - 0:51

Nom et Prénom:

Née sous le nom de Alice Minase. Son nom fut officiellement changé pour Arisa à la naissance de sa sœur.
Elle est désormais connue sous Satoyo Mittsume. Satoyo a toujours été le nom duquel on l'a appelée. Mittsume, composé de Mittsu, "trois" et Me, "œil" est l'alias qu'elle a choisi à sa mort.

Surnom:

Elle a été connue en Angleterre sous le pseudonyme Lady Alice pour des raisons professionnelles. Elle a choisi le nom car elle appréciait l'ironie d'utiliser sa première identité pour masquer la sienne. Elle a toujours trouvé l'ironie un plat délectable.

Elle est aussi appelée par différents diminutifs et variantes par une certaine personne, en passant par "Satoto", "Sacchan" ou tout simplement "Ari-chan".
Cela ne lui est guère très réjouissant.

Age:

Dans la trentaine. Impossible de donner un nombre précis. En apparence, on lui donnerait de 9 à 14 ans, dépendant de notre sensibilité.

Groupe:

(Bonne question, j'aurais besoin d'aide pour savoir >.<)

Race:

Humaine fusionnée à un démon immortel de rang supérieur.

Description physique:

Building

Caractère/Qualités/Défauts:

Building

Histoire :

Satoyo "Arisa" Mittsume [Working on it~] GNLaI


Il faisait froid, si froid.

Le vent marin et les feuilles qu'il entraînait nous giflaient le visage sans répit. La lune nous éclairait de tous son éclat; ou bien était-ce le soleil? Je ne saurai même pas le dire, mais là nous étions, battues par la tempête, éclairées par deux projecteurs. J'étais aveugle. aveugle à tout, sauf à elle. Elle, ainsi que ce reflet métallique funeste. Un cliquetis morbide. Écrasées par la nature devant cet enfer qui m'a vu naître et qui me verrait mourir. Tombées si bas. Le splendide horizon, le chant joyeux des oiseaux - ce spectacle que j'admirais et adorais il y a si peu de temps - n'étaient plus à mes yeux qu'un déprimant fond de toile. L'eau si bleue n'étais rien d'autre que noirâtre, et l'harmonie des oisillons naissants qu'un feint son discordant. Je ne voyais plus rien; plus jamais je ne verrais plus rien. La beauté en ce monde n'était plus qu'un lointain souvenir inaccessible. Obnubilée comme je l'étais, il n'y avait plus pour moi qu'une seule chose: elle, et les vagues souvenirs qui remontaient subitement comme pour me déchirer les entrailles une dernière fois.

Elle tenait l'arme fermement. Contrairement à moi qui était si vacillante, si perdue, elle ne montrait qu'une ferme et écrasante certitude. Il était trop tard pour reculer, sa décision était prise. L'angle était parfait, il n'y avait aucune possibilité d'échec. Aucune. Elle me murmura des mots que je ne distinguai pas, ses yeux plongés dans les miens. Ses yeux sans pitié, sans joie, sans haine. Ses yeux sombres, auparavant si lumineux. Ses yeux à elle, ses yeux qui avaient été tout pour moi.

Le pistolet était chargé, armé. C'est ce que je voulais, non? C'est pourquoi nous étions-là, pas vrai? Alors, si il y a un Dieu quelque part, peut-être pourra-t-il me dire lui. Me dire pourquoi. Pourquoi on en était arrivées là. Pourquoi nous n'avions pas pu être heureuses. Et pourquoi, à ce moment, je...

Pourquoi? Pourquoi? La monde est cruel, si cruel.

Au revoir. Au revoir. Là où tu te rends je n'irai jamais. C'est un adieu. Un adieu.

Et elle appuya. L'explosion fut bruyante. Le son pénétra jusqu'à mes tympans. Sinueux, cruel, inexorable. Mes yeux se vidèrent. J'aurais volontiers hurler, mais je n'en avais pas la force. Mon cerveau ne comprenait toujours pas. Mais, alors que mon être entier résonnait sous l'impact du tir, je fus certaine de deux réalités inébranlables.

J'avais froid. Et pour moi, à cet instant, tout était fini.

***
Je suis Alice. Minase Alice. À vrai dire, c'est faux. Je suis Satoyo, et je n'ai pas de nom de famille. Enfin si... Je suis toujours Minase. Mais Satoyo n'est pas mon vrai nom, c'est Arisa. Enfin, maintenant c'est Arisa, car avant c'était Alice. Mais mon nom de famille n'existe plus, maintenant, c'est Mittsume. Enfin, pas vraiment, mais c'est comme ça que je m'appelle. Reprenons.

Je suis née Alice, puis je suis devenue Arisa. J'étais de la famille Minase.

Ceci était vrai avant.

Maintenant, je suis Satoyo. Mittsume Satoyo. Et c'est tout ce que vous devez savoir.

L'histoire que je m'apprête à conter n'est plus la mienne. C'est celle d'Alice, l'enfant qui vivait il y a très longtemps. Le "moi" d'aujourd'hui n'a plus rien à voir avec celle que j'ai été. Mon conte est un conte de larmes, de sang et de misère. Une tragédie de la pire espèce; si terrible que je ne vous en voudrait pas un instant de ne pas y croire. Mais c'est la vérité, dans la forme la plus brute, crue, et honnête qu'il m'est possible de transmettre. Chacun des mots que j'emploierai vient du plus profond, obscure et douloureux recoin de mon cœur. Malgré tout, je veux, avant de tout vous dévoiler, mettre une chose au clair.

Je ne recherche pas votre sympathie. Quoi que vous en pensiez, je ne veux pas que dans cet aveu - c'en est un après tout, non? - vous tentiez de me trouver des circonstances atténuantes. Je suis coupable tout autant que les autres. Surtout, ne voyez pas en moi une victime. Non, je ne suis pas une victime.

Dans mon histoire - ce conte de folie, de souffrance et de passion - je suis le principal antagoniste.

Comme on me l'a si bien dit...

Bienvenue en Enfer~!

***
- Bon, si ça ne te dérange pas, nous allons maintenant examiner tes réflexes. Tu vas voir, ce n'est pas bien difficile. Si tu pouvais simplement t'asseoir...

Alice, 5 ans, ne broncha pas. Elle se contentait de fixer le médecin de ses grands yeux ronds, sans dire un mot, sans cligner des yeux, sans afficher l'ombre d'une émotion. Au fond, pour elle, cet homme était invisible. Ses mots à ses oreilles n'étaient qu'un souffle muet, et sa présence rien d'autre qu'un désagrément. Alice n'avait pas d'intérêt pour les vivants, et le bleu de ses yeux reflétaient jusqu'au fin fond de son indifférence. Elle était couchée dans son lit, entourée par des poupées et des oreillers, la tête à peine soulever. Si on ne regardait pas assez bien, on la prendrait sans doute pour une décoration de plus, la pièce maîtresse de cette collection effarante de jouets d'enfant, grandeur nature, inerte, le teint pâle. Tout ce qui la trahissait était sa respiration; sa respiration lente, pénible, presque inaudible. Mais, dans ce silence sépulcral, on ne pouvait pas le manquer.

Tic, Dum, une inspiration. Tac, dun, une expiration. La vielle horloge cliquait à chaque seconde, mêlée à un faible battement de cœur et à un douloureux et feint râle qui accompagnait chacun de ses gestes.

Alice ne quittait pas sa chambre. Elle ne quittait pas non plus son lit. Elle ne mangeait que rarement, et était portée jusqu'à sa salle de bain personnelle une fois par jour, car elle ne pouvait pas marcher. Alice était née dans ce tombeau, vivrait dans ce tombeau, et périrait dans ce tombeau. Il n'y avait nul besoin pour elle de bouger ou de sortir. Elle était seule. Elle, qui était destinée à la mort, n'avait que faire du vivant. Tout ce dont elle avait besoin pour être heureuse, c'était de son lit et de ses poupées. Peu importait le reste.

Elle voyait un docteur différent tous les mois, pour un examen de routine, et confirmer son état. Mais, l'odeur de cadavre et le silence de mort, accompagnés du regard sans vie de ses yeux qui ne se fermaient jamais, qui suivaient le moindre de vos mouvements étaient intimidants. Trop intimidant. Dans la noirceur, car la lumière n'était jamais ouverte, l'homme en blouse blanche s'approcha de son inanimée patiente. Il souleva sa couverture faisant attention à ne pas entrer en contact avec elle, et il procéda aux tests, sans un mot. Il eut vite finit, et Alice se replaça. Il soupira dans un hochement négatif de la tête. Il ne dit pas au revoir, et se tourna vers la porte, marcha sur la pointe des pieds inconsciemment, soucieux de ne pas violer la loi silencieuse qui régnait dans le monde de la fillette qui hanterait ses rêves pour les prochains mois.

- Nee... Charlotte...

La voix était douce, aiguë, et avait un timbre mélodieux; cependant, dans le ton - et peut être dans les circonstances - il y avait quelque chose d'indéchiffrable, de terrifiant. Des mots d'horreur qui firent frémir l'homme et l'effrayèrent jusqu'au plus profond de son âme.

- Charlotte, escorte le charmant monsieur hors de chez nous, que l'on puisse reprendre.

Et alors, sous le coup de ses mots, qui n'avaient rien de solennels, et tout d'enfantin, comme par enchantement se souleva du lot de jouets une poupée unique. Toute petite, de grands yeux ovales, sans pupilles, tout noirs, suivie de longs rubans rouges foncés qui traînait derrière elle, elle flotta, lévita, telle une chiffe molle, sans constituions et sans force. Elle raccourcit la distance entre elle et celui en blouse, devant son regard de terreur. N'y tenant plus, il sortit de la chambre en claquant vivement la porte. Et le calme revint. Et Alice fut seule. Et elle sourit.

Le vivant ne m'intéressait pas. À cette époque bénie de ma vie, mon monde s'arrêtait aux murs de ma chambre, et j'y vivais seule, avec toutes mes poupées.

J'étais Alice, et je parlais aux morts.

***
Je suis née dans les années 1970, au Japon. Pour être tout à fait honnête, j'ignore la date exacte de ma naissance, et il ne reste pas âme qui vive qui puisse me la donner. Je considère généralement le treizième jour de Mars comme celui où je suis venue au monde, mais si cette assomption est justifiée ou non, je ne saurais le confirmer.

Celui qui fut mon père était un homme d'origines anglaises, Alexander J. Cohen, qui malgré la connotation de son nom, était un homme chrétien. C'était un riche gentleman, dont la fortune pouvait lui permettre toutes les extravagances dont il lui prenait l'envie. Ses domaines d'expertises s'étendaient dans plusieurs directions - avocat, collectionneur d'arme, entrepreneur - ce qui lui permit très vite de pouvoir prendre une retraite anticipée à l'age de 30 ans, où déjà il avait les moyens de passer le reste de sa vie tranquillement et dans le luxe.

C'est alors qu'il rencontra son âme sœur, lors de son dernier voyage d'affaire, une japonaise qui répondait au nom de Minase Aiko. Pour elle il entreprit de déménager définitivement au Japon, où ils se marièrent selon les traditions du Christianisme. C'était en 1967. Incapable de se contenter d'une simple maison, il fit l'achat d'une île, Madokujima. Il aurait pu acheter plusieurs manoirs, voire, châteaux, pour moins d'argent. Il aurait pu acheter une autre île. Au Japon, ce n'étaient pas des îles qui manquaient. Il aurait pu en avoir une plus belle, une moins chère, ou alors une encore plus chère si il le voulait. Il y avait tant d'autres possibilités, alors, qu'on me dise, quelle était la probabilité qu'il finisse par acheter Madokujima? Une chance sur combien de millions il y avait il pour qu'il achète cette île là? Je veux savoir. Quel tour mesquin a donc fait que c'est là, et non pas ailleurs, qu'il s'est établi?

Dans un monde d'un destin différent, qu'est-ce que je serai devenue?...

Donnez-moi un instant, que j'aille vomir.

Madokujima était inhabitée depuis un certain nombre d'années. Très proche d'un port, il fallait moins d'une demi-heure de bateau pour atteindre la ville. Son emplacement et son aspect sauvage ont donc facilement charmé le couple, qui y fit construire un des plus somptueux manoirs au pays. Ils y emménagèrent après leur année de lune de miel. C'était en 1970. Tout allait bien. Ils étaient heureux, ensemble, seuls, sur cette île côté Pacifique, où rien ne pourrait jamais déranger leur paix. Et puis, je commis mon premier péché, et de loin le plus grave. Celui qui a amorcé cette descente infernale jusqu'au fond du marais rouge, là où la lumière ne parvient pas; là où mon esprit demeure emprisonné pour l'éternité.

Un jour pluvieux de printemps, Minase Alice est née.

Vous vous dites sûrement que j'exagère, que je suis trop dure avec moi-même, mais je peux vous l'assurer sans ma naissance, tout se serait bien passé, et la fatale journée du 30 mai 1987 aurait été évitée. Mon père et ma mère auraient mené une vie de famille heureuse, unis jusqu'à la tombe. Ils auraient eu un autre enfant, celui-là bien formé, et il aurait vieilli; aujourd'hui il serait sans doutes un bon adulte, avec une belle carrière, et un bel avenir. Pourtant, c'était moi, leur enfant et non pas elle. Oui...

Ce jour pluvieux de printemps, ce jour fatidique, j'ai causé la mort de ma mère. Et non-contente d'avoir emporté la seule femme qu'Alexander J. Cohen n'avait jamais aimé, et n'aimerait jamais, je suis née une monstruosité, condamnée à une mort prochaine dès la seconde où j'ai vu le jour. Ainsi, au lieu de devenir un vestige de son amour passé...

Alice est devenue la malédiction qui l'avait mise à mort.

Dès lors que suis apparue dans sa vie, il a été incapable de m'aimer. À sa décharge, il a bel et bien essayé, au début, de s'occuper de moi comme un père doit s'occuper d'une fille, mais, bien vite, tandis que mon état se dégradait, et que mon pouvoir augmentait, il se mit à me haïr, moi, et tout ce que se rattachait à moi. Il faut l'avouer, en tant que bon chrétien cela a dû être difficile d'avoir une fille comme moi...

Pour quelqu'un sans la moindre connaissance de l'existence des dons, et de foi religieuse de surcroît, je ne serais définitivement pas apparue comme une humaine. Faible, l'organisme mal formé génétiquement et condamnée à une vie courte, et en possession de pouvoirs; et pas n'importe quel pouvoir: mon ignoble don de naissance résidait dans la maîtrise des âmes des défunts. Effectivement, enfant, j'étais ce que l'on qualifierait d'une nécromancienne. Ne vous faites pas d'idées par contre! Je n'avais certainement pas les capacités de ramener une personne à la vie, mais j'avais la possibilité d'attacher une âme à un objet, sans pouvoir recréer des émotions, ou encore la pensée cognitive. Tout ce que j'étais bonne à faire, c'était des tours de marionnettes. Au commun des mortels, je n'apparaissait comme rien de moi que la fille du Démon. Eh... Eh eh...

Au fond... Ils avaient sûrement raison! Eh eh eh eh eh!

Bien vite, mon parent unique ne désira plus même m'approcher. Des nourrices et gouvernantes se chargeaient de s'assurer que je survivais, tandis qu'un médecin hebdomadaire venait s'assurait que je mourrais bien assez vite. L'éducation? L'apprentissage? Je n'ai jamais bénéficié de tout cela. J'étais confinée dans cette tour d'ivoire, prête à s'effondrer à chaque instant,dans ce lit que je ne quittais jamais, et je m'étais résignée à ce destin; voire... je l'attendais impatiemment. La mort m'apparaissait comme la plus douce des délivrances, comme la récompense qui m'attendait si je pouvais supporter chaque jour de cette existence qui n'en était pas une. Et bien sûr, étant une enfant, la haine que ce monde avait pour moi était retournée avec grande joie.

Je n'avais aucun intérêt pour le vivant. Pour moi, tous ces pantins aux âmes perdues étaient tout ce qui important. Ils m'avaient appris à parler, à lire, à écrire. Quand j'avais faim, ils allaient me voler de la nourriture (quand mon père s'en rendit compte, on cessa de venir m'en porter), quand j'avais froid, ils me préparaient de meilleures couvertures, quand j'étais triste, ils me réconfortaient. Ces êtres de l'autre monde définissaient ma vie. Bien vite, ils commencèrent à me voler des livres dans la bibliothèque pour me distraire, souvent des encyclopédies, que je dévorais avidement. J'en appris beaucoup sur les plantes, sur les sciences et la chimie, si bien que je me trouvais fort vite un passe-temps bien malsain, là-bas, adossée à mon oreiller.

À l'âge de 7 ans, alors que j'étais déjà bien lucide, je me mis à concocter des mélanges aux effets plutôt violents pour divers usages, m'aidant des plantes que mes "amis" parvenaient à me rapporter. Du jour au lendemain, les femmes de ménages commencèrent à tomber subitement malade, les unes après les autres. On ne pu jamais en identifier la cause. Selon une rumeur, il semblerait qu'elles aient accepter chacune une tasse de thé de la fille du maître de maison avant de tomber malade. Mais ça, ça ne se prouve pas, et pour toujours, ça ne demeurera... qu'une rumeur. Teehee~!

En 6 mois, le nombre de serviteurs sur l'île était descendu de 80%.

C'était officiel. On se détesterait, et ce même au delà de la mort.

***
La plus belle chose dans notre monde est sans aucun doute l'incertitude. Il suffit d'un rien pour que les notions les plus fondamentales soient révoquées et balayées. L'évidence, en un murmure peut devenir absurdité. Après tout, c'est bien là-dessus qu'est basée l'histoire et la technologie. L'homme s'est toujours permis d'affirmer avec certitude des faits qui au fur et à mesure se coulent dans le béton de la structure inébranlable que l'on appelle Logique. Ce qu'on appelle progrès, c'est l'action de détruire les imperfections du passé, et de refermer de nouveau la structure, encore et encore, jusqu'à arriver à une perfection hypothétique qui n'est pas atteignable, jusqu'à compléter à la virgule près le livre du savoir universel. Poursuivre éternellement le mythe d'une vérité absolue.

Or, la vérité absolue n'est rien d'autre que cela un mythe.

Ainsi ne devrait-il rien y avoir de surprenant lorsque nos convictions les plus profondes, les plus intimes, se voient écrasées. Ces principes dont on est absolument convaincus, qui nous hantent, jusqu'à devenir l'unique élément qui nous définisse. Si puissant soient-ils, ils n'ont pas de raisons ou de moyens d'être épargnés. Il suffit d'instiller une simple idée dans notre esprit... Une idée nouvelle... inconcevable... Elle s'insinue dans les endroits les plus fermés de votre âme... vous dévore de l'intérieur... Il suffit d'un souffle, d'une parole, d'un mot, d'un son, d'une image... Et voilà que vous êtes vides, perdus. Toutes les structures sur lesquelles vous vous êtes appuyés au cours de votre vie... soudainement perdent leurs fondations, et s'effondrent. Et vous êtes là, impuissants, tombant, et ce qui vous paraissait accueillant et chaleureux vous deviens froid, indifférent, terrifiant. Il n'y a rien à y faire: en quelques secondes, vous voilà formatés, et redéfinis.

La plus horrible chose dans notre monde est, sans l'ombre d'un doute, l'incertitude.

Dans notre monde, ce monde intransigeant et sans pitié, une notion bien simple établit l'équilibre entre l'incertain et l'absolu. Cette notion bien simple est l'ultime représentation de la vérité absolue, que tout le monde cherche, mais que personne n'est prêt à accepter.

Dans notre monde...

Les Miracles n'existent pas.

C'était le 13ème jour de Septembre, 1985.

Cinq ans.

***
- Charlotte...

Je toussai, soulevant un peu de poussière un peu partout sur le plateau. C'était un beau plateau en argent, qui coûtait probablement une jolie somme. Charlotte, avec l'aide d'autres poupées, l'avait emprunté directement du garde-manger, pendant que les autres cherchaient les ingrédients que j'avais demandé sur l'île. Madokujima avait une végétation plutôt particulière. Des plantes que l'on y retrouvait n'étaient pas du tout dans leur milieu habituel. Des fleurs étrangères, propres à l'Amérique, l'Australie, l'Europe, poussaient pêle-mêle au cœur de la forêt, ou encore derrière le manoir. Il devait y avoir quelque chose de spécial avec le climat qui pourrait expliquer cette diversité végétale, mais pour être honnête, je m'en souciais peu, et étais tout simplement contente d'avoir à ma disposition un éventail de produits différents, qui permettaient de pimenter un peu mes concoctions.

Usuellement, j'utilisais ma table de chevet pour mener à bien la préparation de mes différentes mixtures, mais au fil du temps, la position à-demi inclinée qui m'était nécessaire pour me tourner du bon côté sans quitter mon lit devint si inconfortable que se fut insupportable, et commença à avoir des répercussions violentes sur mon dos dont je me serais passée volontiers. À vrai dire, considérant ce que j'avais en tête, ça n'avait plus d'importance, mais tout de même j'étais reconnaissante de disposer d'un plateau et d'un bon dossier pour cette fois au moins. Je m'efforçais simplement de ne pas renverser la théière et les quelques tasses disposées à travers la plaque d'argent, et tout se passait parfaitement.

Je saisis d'un coup de main furtif les quelques fleurs que Charlotte me tendit. Ah... Charlotte. Bientôt, moi aussi je serais comme toi, inconsciente, heureuse, en paix. Si tes petits yeux noirs, brillants et sans pupilles, pouvaient me dire un mot qu'est ce que ce serait? Je me demande. Mais en même temps, peut être préfère-je ne jamais le savoir.

- Si j'écrase les pétales de celle-ci... et que je les fais infuser... alors... Charlotte!

Mes autres amis n'étaient pas aussi précis qu'elle pour ce qui était des actions un peu plus élaborées, mais ce n'était pas la seule raison qui me poussait à ne pas requérir d'autre aide que la sienne. Cette fois seulement, je voulais être seule avec elle. C'était une grande occasion, sans doutes la plus importante de toutes. C'était quelque chose entre elle et moi. Pour cette fois... Rien que pour cette fois... je voulais que nous soyons seule. Ce serait la dernière fois. Ensuite, nous serions tous ensemble, pour toujours. C'était une promesse.

Saisissant la fleur délicatement avec ses rubans, elle acquiesça à ma demande, et bien vite prépara dans une tasse la substance qu'il me fallait.

La pièce était plongée dans l'obscurité. J'avais l'habitude de laisser la lumière allumée. Mais pas ce soir. Ce soir était spécial. Autour de la salle était disséminées de fines chandelles qui fournissaient l'éclairage minimal qu'il me fallait pour avoir la moindre idée de ce que je faisais. Même à l'époque, j'appréciais un peu d'atmosphère, et puis, de ces jours-ci, la lumière commençait à faire faiblir mes yeux. Mais, ça non plus, ça n'avait plus d'importance.

Plus rien n'avait d'importance.

Je versais la tasse dans la théière. Un petit sourire ironique illumina mon visage sévère et épuisé.

- C'est presque terminé... Plus que quelques ajustements...

Tentant aussi bien que je le pouvais de garder mon calme, je préparai minutieusement les quelques plantes qui me restaient en main. À travers la noirceur, je laissai tomber les ingrédients dans le pot.

- ...et un pétale de Red Spider Lily...

D'un coup de dent faible, je détachai du beau spécimen de Lycoris Radiata un long ruban rouge, et, délicatement le lâchai, observant avec un certain sentiment de nostalgie sa chute dans le liquide....

Ô, Lycoris, fleur des cimetières, fleur des morts, accorde moi la fin que je mérite. Après toute ses années... Permet à moi, Minase Alice, de rejoindre tout le monde... de rejoindre Charlotte... De les rejoindre... Là-bas... De l'autre côté du miroir. Ensemble... Pour toujours... Je ne veux plus de ça, n'est ce pas? Je peux enfin tout terminer? Une gorgée de ce poison, et nous pourrons enfin nous enfermer dans notre rêve pour l'éternité, et ensemble, nous y bâtirons un monde. Un monde où je peux vivre. Un monde où je serais aimée. Un beau monde...

Si j'ai été maudite dans cette vie... Me permettras-tu enfin cet échappatoire? Si je n'ai pas eu le droit de vivre, Ô Dieu qui régit ce monde, m'accorderas-tu le droit à la mort?

Je laissai échapper un rire sordide, pleins de défiance, d'assurance et d'arrogance.

C'est fini! Tout est fini! La partie est terminée!

Je me versai délicatement une tasse du thé, qui avait déjà bien eu le temps d'infuser.

Avec ça, je rompt les chaînes qui me lient à toi! Dieu, si tu existes... Regarde-moi bien! Échec-et-mat! Avec cette gorgée... Je gagne!

Je portai vivement la tasse à mes lèvres, me délectant de son parfum, ce parfum de liberté, en renversant un peu sur mes vêtements.

Et alors... Comme je l'avais si bien pensé... La fin de la partie s'amorça. Cette journée, 13 septembre 1985, fut à la fois le plus beau, et le pire jour de ma vie. Ce jour-là... je suis morte.
***
Battant des bras désespérément afin à la fois de protéger mes yeux, et de résister à l'eau bouillante répandue sur mes vêtements et couvertures, je m'étouffai sur une bouffée d'air, et hurlai.

- Kafff! Kafff! Mais merde! Qui a allumé la lumière!? Éteins! Éteins!!!

La voix d'Alice était usuellement raffinée, et avait quelque chose d'irréel, de mystique à son propos; or, ici, il s'agissait plutôt du caquet d'une vieille aigrie et enragée. La lumière s'éteignit de nouveau, et je me calmai pour mieux distinguer la silhouette de l’offenseur dans l'obscurité. Je fus fort surprise. Il ne devait pas y avoir de serviteur sur l'île aujourd'hui, et donc techniquement, les seuls sur l'île auraient dû être moi, et mon père. Cependant, il y avait deux problèmes. Premièrement, mon père ne visitait cette chambre sous aucune circonstance. Deuxièmement... la figure de l'autre côté de ma porte entre-ouverte... n'avait pas la taille d'un gamin de 10 ans!

- Qui est là!? Heh!?

Je sentis l'enfant avoir un geste de recul, visiblement surpris par l'agressivité de mon ton. Qu'est ce que c'était que ça!? Qu'est ce qu'un gosse fichait sur Madokujima!? À bien y penser, je ne voulais pas savoir. Ça ne me concernait pas. Ça ne me concernait plus. Cette nuisance devait simplement partir d'ici, puis, je me reverserai une tasse, et tout se passerait comme prévu. Il n'y avait pas à s'en faire. Une petite interruption ne changeait rien du tout. Rien du tout... Enfin... À partir du moment où la chose acceptait bien de partir.

Je soupirais, maudissant ma curiosité. Si je l'avais alors simplement renvoyée... Peut-être alors qu'elle....

- Bon... Approche-toi un peu de la chandelle, que je vois ton visage. Je te défend de toucher à cet interrupteur une seconde fois! Tu t'approches, et tu ne dis rien, c'est clair!?

Je crus voir la petite tête se hocher, tandis que la chose s'approchait, le pas lent, sur la pointe des pieds, comme si elle tentait de ne pas faire craquer le sol en bois sous son poids. À cet instant, voyant cette personne maladroite, qui marchait, insouciante dans ma chambre, je la détestai. Pour la première fois de ma vie, je compris le sentiment confus et inexplicable qu'on appelait jalousie. Qu'avait cette bestiole de plus que moi qui lui donnait le droit de vivre normalement, une enfance libre, dans ce monde que je ne connaissais que par les yeux de Charlotte et les phrases dans les Grimoires, tandis que je dépérissais ici?

Oh... Tant de choses... tant de choses...

Alors que pour la première fois de ma vie je faisais la rencontre d'un autre enfant, j'étais foudroyée par des sentiments et pensées variés qui fusaient de part en part de mon cerveau. Je regrettai bien vite amèrement de ne pas m'être débarrassée de l'indésirable intrus quand j'en avais l'occasion. Mais il était bien trop tard. Ma respiration devint irrégulière, mes yeux s'ouvrirent grands, méfiants, et je me surpris à trembler un peu alors que je soulevais une chandelle proche du visage de l'enfant.

C'était une fille, de 8 è 9 ans. Ses cheveux étaient du même blond que les miens, mais contrairement au miens, qui demeuraient courts et droits, les siens étaient ondulants, et lui arrivaient au haut du dos. Ses yeux avaient une couleur bien particulière. Très loin du bleu des miens, et du noir de mon père, ses yeux à elle étaient d'un brun qui tirait un peu sur le rouge. Ambre je dirais. Oui, ambre semble être un bon qualificatif. Devant la lumière de la bougie, elle les détournait un peu, rougissant un petit peu devant mon expression scrutatrice, ce que - si il restait alors un seul soupçon d'humanité en moi - j'aurais sans doute trouver plutôt adorable. Faiblement bâtie, j'eus pendant un instant l'idée de lui briser le cou furtivement pour qu'elle me laisse tranquille, mais j'abandonnai bien vite. Tant qu'à partir, autant le faire les mains propres.

Parmi toutes les émotions qui s'entrecroisaient en moi, il m,est impossible de dire laquelle dominait. J'étais simplement plongée dans une confusion telle qu'il m'était impossible de formuler la moindre pensée concrète. Alors je la fixais, la dévisageais, n'ayant aucun mot. Pendant une minute. Puis deux. Puis une cinquaine de minutes de silence embarrassé. Le temps me parut une éternité. Je ne saurais dire quand je réussi finalement à adresser la parole à cette inconnue qui me paraissait sortir tout droit d'un autre monde. Du vrai monde, dans lequel c'était moi l'intrus. Cette apparition soudaine de la réalité m'effrayais, plus encore que la solitude éternelle dans laquelle j'existait.

- Qui es-tu?

Mes mots furent secs, et sortirent étranglés. J'avais l'impression de parler à une image tordue de moi-même. Sauf que... c'était moi qui était tordue.

Je compris que rien ne serait plus pareil. Je sentis en moi un vide incommensurable.

Elle n'était pas une étrangère pour moi. J'étais une étrangère à tout. Et là, devant son petit corps frêle et délicat, je me sentais pitoyable. Je n'étais rien. Et quand je mourrai, je ne serai, ni ne saurai rien. Je n'aurai rien vu. Rien compris. Rien vécu.

Devant cette enfant... Devant toi ma petite... Je n'étais plus rien.

Voilà le seul, et unique crime qu'elle n'ait jamais commis. Voilà le crime qui m'a rendu si heureuse, et qui a conduit à ma ruine. Voilà le crime fatal, impardonnable que cette petite fille de 9 ans ait commis.

À cause d'elle, j'ai goûté à la vie.

C'est d'une voix mélodieuse et sereine, sur un ton joyeux et enfantin, qu'elle me répondit, tandis que je brisai la théière sur le sol, ébahie, les yeux écarquillés.

- Moi? C'est Alice! Minase Alice! Et toi, Onee-chan?

Ce jour là, treizième jour de septembre 1985, Minase Alice est morte.


C'est absolument fascinant. Une simple erreur de calcul dans un plan à l'allure parfaite, et toutes nos prévisions prennent une tournure que l'on aurait jamais envisagée, pour le meilleur ou pour le pire. C'est quelque chose que j'ai appris, et qu'Alexander, mon bien-aimé papa, fut forcé d'apprendre. Chacun avait son propre objectif, et chacun coïncidait. Je voulais disparaître, et il voulait me faire disparaître. Aux premiers abords, nous avions chacun toutes les pièces pour réussir. J'étais mourante, et donc une faible dose de poison aurait suffit à me mettre à mort. J'avais tous les ingrédients nécessaires pour me donner la mort de la façon que je souhaitais répandus sur toute l'île.

Mon père avait un plan bien plus difficile à exécuter, et c'est dans le sien que se trouvait la faille qui fit tout dégénérer.

Quelques années après ma naissance, il prit la résolution définitive de m'occulter complètement de sa vie et de sa famille. C'est là qu'il eu l'idée brillante: si il voulait que je disparaisse sans laisser de trace, il lui suffisait simplement... de me remplacer. En théorie, c'était parfaitement plausible. Après tout, il n'y avait aucune trace enregistrée de mon existence; on passait un petit arrangement avec mon médecin, et les dossiers concernant ma naissance étaient un jeu d'enfant à falsifier. Et puis, qui m'avait vue grandir? Les quelques femmes de ménage et médecins qui ont pu m'observer à travers l'obscurité?

Quelques années après ma naissance, il séduisit une sœur de feue ma mère. Avec elle, il eut bien vite une fille. Mystérieusement, la mère de cet enfant disparut de la circulation peu après l'accouchement. Sa progéniture porterait le nom de Minase, et, comme prénom prendrait le mien. Ainsi, nos identités seraient échangées. Elle deviendrait Minase Alice, fille de Minase Aiko, et moi, je ne serai plus personne. C'était évident, et tout à fait logique, du point de vue théorique évidemment. Prenez la chose sous un angle moral, et soudain l'entreprise devient une immonde affaire. Mais ça, ça n'avait pas d'importance.

La seule chose qui fut négligée dans cet incroyable plan, c'est qu'il ne pourrait pas cacher éternellement. Un enfant est curieux. On a beau lui dire, lui répéter, encore et encore, de ne pas s'aventurer dans un couloir, celui-ci, dès qu'il aura atteint un certain degré de maturité et de lucidité, ne pourra assurément pas s'empêcher d'explorer l'endroit en tous ses recoins. Mettez vous à la place de cette gamine de 9 ans, qui toute sa vie s'est vue fermée l'accès à une partie de sa propre maison. N'auriez vous pas dès que l'occasion se présenterait pris l'initiative d'y rentrer? Et alors, cette seconde Alice me découvrirait, et forcément, elle voudrait savoir qui je suis. Et, selon vous, quoi que l'on puisse dire à cet enfant, qui pendant neuf années s'est crue unique, parviendrait-on à lui faire oublier l'existence de la sœur qu'elle a tant imaginé, qu'elle a tant voulu?

Il y avait une faille majeure dans le plan de mon cher salopard de père. Toute son idée était exempte de cet élément qui fait que l'homme est homme, et qui régit nos actions de long en large: ce plan, si parfait puisse-t-il paraître, n'avait au fond de sa conception, aucun sentiment. Ah, pauvre sot... Quel sordide faux pas as-tu commis... Je suis vraiment désolée, mais je ne laisserait pas ça passer! Te voilà, me présentant l'ultime chance de vengeance! Pah! Crois-tu que j'en profiterai pas!? Je ruinerai toutes tes ambitions, Alexander! Toi, qui m'a laissé vivre cette vie vide, il est bien tant que je te rende la monnaie; c'est à moi de m'amuser! C'était parfait! Si parfait! Trop parfait!

Quelle ironie. Moi qui me moquait alors de son manque de considérations pour les sentiments, commettait alors la même exacte erreur.

La suite est un jeu. Un jeu ignoble, sans aucun vainqueur. Un jeu qui n'a pas de raison d'exister. Un jeu cruel. Un jeu triste. Un jeu tragique.

Dansons, Alice; Valsons, tournons, et ensemble, descendons jusqu'au fin fond de l'enfer. Madotsuki, qui suis-je pour te haïr, toi qui répand l'infortune et la souffrance? Après tout, je ne vaux pas mieux que toi!

Oh, serais-je à jamais pardonnée? Moi, l'horrible criminelle que je suis? Y aura-t-il un jour où je pourrai me regarder dans un miroir sans vouloir me tuer? Je suis Mittsume Satoyo, et voici mon histoire.

***
- Tu... es... Alice tu dis?

La petite fille hocha vivement la tête. J'étais en admiration devant l'absence complète de peur dont elle faisait preuve depuis qu'elle avait parlé. Pour être honnête, je dois avouer, qu'après être passée par-dessus la choc de la révélation, je me trouvais étrangement à l'aise. Probablement le fait d'avoir renversé ma théière sur le sol m'avait-il permit de me calmer un peu. Bien que j'avais eu l'intention de me donner la mort quelques minutes plus tôt, la disparition de l'objet fatal avait quelque chose de fort apaisant, je ne mentirai pas.

- Oui! Et toi, tu es qui?

Elle réitéra sa question, alors que je me rendais compte que la réponse n'était pas si évidente qu'elle n'y paraissait. Après tout, devant ce petit être qui prétendait être moi, qui étais-je? Je ne pouvais trouver qu'une seule réponse à cette question, qui m'échappa avant que je puisse la retenir.

- Moi...? Je ne suis plus personne.

Elle ne fut pas satisfait. Elle fronça les sourcils en une grimace bien expressive, qui me donna presque envie de rire. Sa frustration avait quelque chose de serein, d'enjoué. Je pouvais sentir la légèreté derrière chacun de ses mots, chacun de ses gestes. Était-ce ça être un enfant? Était-ce là ce à côté de quoi j'étais passée tout ce temps? Était-ce ça l'enfance? Était-ce ça la vie?

À cet instant, plus qu'à aucun autre auparavant, je détestais mon père. La petite "Alice" continua son discours.

- Comment ça, tu es personne!? Si je te vois, que tu me parles, et que tu m'entends, ça veut dire que tu existes! J'ai passé l'âge des amis imaginaires, je sais que tu es quelqu'un!

Je ne pus m'empêcher d'afficher un sourire un peu hautain devant sa naïveté. Pour vivre, il suffit que notre cœur batte? C'est si beau l'ignorance. C'est si beau. Étant la plus vieille, je devais sûrement l'éduquer un peu mieux, c'était ma responsabilité n'est-ce pas? Si je savais plus qu'elle, je devais lui transmettre ce que je savais. C'est comme ça que ça marche avec les enfants non?

- Ce n'est pas aussi simple... Vois-tu, il ne suffit pas de respirer pour être une personne. Il faut bien plus que ça pour avoir une identité. Ça peut être difficile à comprendre... mais mon esprit n'appartient plus à ce monde. J'appartiens à l'autre cô-

Un élancement particulièrement douloureux me traversa toute la joue. L'enfant n'avait plus d'expression, ses lèvres fermées en un trait parfaitement horizontal, ses yeux grands ouverts fixant droit au fond des miens. Qu... Qu'est ce qui venait de se passer? Dans l'incompréhension et la confusion, j'atteins instinctivement ma joue de ma paume. Hitei..... Une petite larme coula au coin de mon œil.

Est... Est-ce que je venais de me faire gifler?

- Oi. Si tu vis dans un autre monde, tu vas me faire le plaisir de laisser tes amis imaginaires tranquilles, et de revenir un peu à la réalité. C'est clair?

De nouveau, j'écarquillais les yeux, retournant très lentement la tête vers elle, un mélange de terreur et de panique imprimé au fond de mes pupilles. Elle ne broncha pas.

Qu'est ce que ça voulait dire...? Qu'est ce que c'était que ça!? Oi! Amis imaginaires? Charlotte existe! Elle existe! Elle a toujours été la pour moi! Toujours! Et tous mes amis aussi! Ils sont plus vrais que tous les humains du monde! Ils sont gentils! Ils m'aident! Ils sont toujours d'accord avec moi! Ce sont de vrais... amis... Subitement, je saisis Charlotte par le ruban, et plongeai mes yeux dans les siens. Tu existes! Pas... vrai?

Soudain, le regard doux et chaleureux de ma Charlotte m'apparu sous sa vrai forme. Les yeux bien ovales d'une peluche. Sans pupille. Sans iris. De grandes ellipses, dans lesquels il n'y avait rien, on ne lisait rien. Un vide complet. Un vide absolu. Un vide oppressant. Car après tout, l'être nommé Charlotte...

C'était moi

Et toutes mes autres poupées, qui m'avaient accompagnées tout au long de ma misérable vie. Toutes agissaient d'une volonté unique, sans aucun libre arbitre, sans aucune émotion. Toutes ses poupées...

C'était moi

Alors quoi!? J'avais passé l'ensemble de ma vie seule, avec des marionnettes sans vie!? Qui ne voyaient rien? Qui n'entendaient rien? Qui ne sentaient rien? Toutes les fois où je leur parlais, et qu'on me répondait...

C'était moi

Et quand je mourrai, la seule personne qui me suivrait dans l'autre monde...

C'était moi

Bousculant la petite, je me penchais violemment vers l'avant, et me tordant de douleur, pleurant, je vomis un horrible mélange de bile et de sang sur le sol, poussant un hurlement, devant un regard interrogatif de la petite fille. C'est sérieux alors? Mais c'est quoi cette blague!? Toute ma vie, j'ai vécu avec des illusions!? Tous les principes, toutes les belles paroles... ce n'était que la tentative désespérée d'une enfant damnée pour ne pas perdre la tête!? Non! Je ne l'accepterai pas! C'est impardonnable! C'est horrible! C'est pitoyable! Et par-dessus tout... C'était... la...

Vé-ri-té

Je hurlai de tous mes poumons.

Pour la première fois depuis toujours, j'eus pitié de moi-même.

C'est là que "Papa" fit son entrée, pour la première fois depuis dieu sait combien d'années.
***
- Alors? Alexander? Dis donc à ta petite Alice qui je suis! Eh!? Neeee, neeee... Wa-ta-shi-wa-daaaaa-re?

Se tenant bien droit, et cachant la seconde Alice derrière ses jambes, une main posée sur sa tête, il me regardait, les yeux emplis de ce mélange entre mépris et horreur auquel je m'étais tant habituée par le passé. Il y avait, cependant, une différence fondamentale, qui me permettait d'afficher sans retenue mon sourire triomphant et carnassier. Cette fois, je le dévorerai tout cru! La petite, qui me jetait un coup d'œil interrogateur sur le côté, sans aucun doute était encore trop ingénue pour cerner la tension qui régnais dans ma chambre. Mais, moi et lui, nous le savions parfaitement, et savions que la seule condition de ma victoire était qu'un de nous deux prononce un, et un seul mot; ainsi fallait-il qu'il surveille sa langue, et que je feigne l'ignorance encore un peu pour mieux me délecter du moment où je l'écraserai.

Mon expression devint - je dois l'avouer - un peu folle. Je me gorgeai de ce sentiment de supériorité sans retenue. Je relançai, plus violemment.

- Tu vas répondre, ouais!? T'es pas foutu de dire à ta petite fille qui je suis? - Je fermais calmement les yeux - Dans ce cas, je vais lui dire moi p-

- Arisa!

Son ton était enragé. Je ne pouvais en être plus heureuse.

- Arisa... ka? Ça me plait bien. Tu sais, tu manques sérieusement d'originalité. Du premier à ça, la différence est un peu minime, tu peux trouver mieux là.

"Alice" ne comprenait décisivement rien. Mais, ça ne saurait tarder petite... Donne moi encore quelques secondes de plaisir, et je suis toute à toi... Ou alors est-ce le contraire? Mon rire intérieur me sembla particulièrement affreux, et j'en étais bien heureuse. Moi qui voulait mourir il y a quelques secondes, je débordai maintenant de vie. Quelle belle chose qu'est la vengeance! Je laissai ma langue défiler sur mes lèvres.

- Il n'y a pas mieux, alors?... - Mon père restai décidément silencieux, et ça m'allait très bien comme ça - Je ne suis pas d'accord... Te laisser usurper mon identité comme ça... Ce n'est pas sain tu sais? Pas sain du tout.

- Ne, ne! Papa! De quoi elle parle?

Il se contenta de siffler entre ses dents pour toute réponse. Ça y est! C'est le temps! Échec. Et. MAT!

- Alors Papa! De quoi, je parle!?

La petite, d'abord, ne compris pas. Sa tête pivotait incessamment entre moi et Alexander. Il soupira, essuyant son front perlant et marmonnant quelque chose au ciel. Dieu ne t'aidera pas, cher papa. Maintenant, c'est moi, et moi seule, qui mène la danse! Alors, Alice, dansons! Ses yeux s'écarquillèrent après quelque secondes, puis, s'y dessinèrent de petites larmes, avant que son visage n'apparaisse complètement émerveillé. Elle sautillait sur place. Je ne mentirai pas: À cet instant, plus qu'à aucun autre dans ma vie, j'étais tout simplement touchée, et émue. Je m'efforçai de ne pas le laisser paraître.

- A...A...Alors... C'est ma sœur? Papa! Papa! C'est ma sœur? J'ai une sœur? Répond papa! C'est vrai!? J'ai une grande sœur? Pourquoi tu me l'as jamais dit!? J'ai une grande sœur! J'ai une grande sœur!

Elle riait de bon cœur, de son délicat rire enfantin, tandis que ce cher vieux monsieur Cohen quittait la pièce, le pas lourd.

Ô seigneur. Je suis tellement désolée. Tellement désolée. Si seulement j'avais su... Si seulement j'avais su... Peut-être ce conte aurait-il eu une fin heureuse...

Cinq ans. Cinq ans. Cinq ans.
***
- Woah! On dirait que ça fait une semaine que t'as rien avalé Nee-san!

Elle me parla sur un ton enjoué et légèrement moqueur. Je me retins de la corriger; ça faisait déjà presque deux semaines depuis la première fois où elle m'avait rendu visite - une semaine et demi que je n'avais rien avaler d'autre qu'un restant de thé froid, et une vie entière que je n'avais rien avalé qui avait réellement du goût. Ainsi, quand après deux semaines, elle se rendit de nouveau à mon chevet m'offrant cette chose - Bentō me disait-elle? - remplie de la nourriture la plus appétissante que je n'eus jamais l'occasion de voir, le moi affamé lâcha toute retenue pour sauvagement attaquer le repas. J'étais, pour être honnête, complètement émerveillée.

- Et-Et-Et ça ici! Qu'est ce que c'est!?

Assise sur le bord du lit à côté de moi, elle appuya sa main sur son épaule et pencha la tête pour voir de plus près exactement de quel plat je parlais. Je sursautai, n'ayant jamais eu l'habitude du contact humain, ce qu'elle ne remarqua pas. Elle me répondit toujours de la même humeur.

- Ça? C'est du poisson! Comment tu peux ne pas savoir ça!

Elle se moquait de nouveau de moi, et loin d'être offensée, je fus surprise d'esquisser moi-même un petit sourire. De la viande... c'était vrai après tout que je n'en avais jamais mangé auparavant, me contentant de ce que mes poupées de l'autre monde pouvaient bien me rapporter. Ça faisait deux semaines que Charlotte n'était plus là, et je mentirai si j'affirmais qu'elle ne me manquait pas; cependant, le support pratique qu'elle pouvait m'apporter venait à un prix démesuré.

J'étais résolue: jamais Charlotte ne reviendrait de l'autre monde. La deuxième Alice serait là pour moi. La deuxième Alice me ferait vivre.

Je continuais de dévorer avidement mon plan, sans distinguer le riz de la viande ou du pain. Tout avait une texture, un goût si agréable. Comment j'ai pu passé à côté de tout ça aussi facilement? Comment j'avais pu m'entretenir dans cette illusion d'existence que je représentais auparavant. Je n'avais jamais vécu. Je ne suis jamais née.

Très vite je terminai le "Bentô", jusqu'au dernier grain de riz. Je soupirais de soulagement, enfin débarrassée des tourments violents de mon estomac. J'étais infiniment reconnaissante à cette petite sœur qui entrait dans ma vie. Elle eut un petit rire gêné devant mes remerciements, et se gratta les cheveux, un peu embarrassée et rougissante.

- Ça a pas été facile de convaincre Papa de me laisser revenir. Je n'ai pas arrêté de le supplier toute la semaine! C'était si dur que en fait, il a jamais voulu, alors j'ai décidé de venir toute seule! J'ai fait un peu plus de nourriture que d'habitude pour pouvoir t'en donner un peu... C'est pas extraordinaire tu sais, grande sœur.

Alors, elle l'avait fait elle-même...? La cuisine était un concept plutôt difficile à cerner pour moi, mais je n'en étais que d'autant plus appréciative. Peu importe ce que c'était, pour moi qui n'avait dans sa vie, rien mangé d'autre que du bouillon froid et des restes, c'était divin. L'affection et l'attention se goûtaient à chaque bouchée. Pas extraordinaire? Cette petite sœur était un don du ciel, sur plus d'un aspect. Je continuais de lui poser des questions sur les différents aliments, et elle me répondit plus ou moins confusément, toujours au meilleur de sa capacité. Après un certain temps je me fatiguai, et me recouchai dans mon lit. Elle resta assise. Elle me sembla un peu troublée maintenant que j'avais autre chose que viande et riz en tête, Je m’enquis de ce qui semblait la déranger, et elle fut comme surprise de m'entendre poser la question.

- Oh... Ah... fit elle en demeurant pensive. Je me suis souvenu de quelque chose que tu as dis, et... je me deman-

Je soupirais, et compris aussitôt où elle voulait en venir. En y réfléchissant, c'était presque étonnant qu'elle ait pu attendre aussi longtemps avant de m'interroger. J'avais, sur le coup, très fortement manqué de tact, et lui devait d'excellentes explications. Je me redressai un peu prête à lui exposer ce que je savais.

- C'est à propos de mon nom, pas vrai?

Elle hocha la tête, silencieuse. Je repris.

- Je suis Minase Alice, moi aussi.

Elle ouvrit la bouche, indignée, les yeux vacants, mais se résout bien vite à me laisser continuer en ne faisant qu'acquiescer. J'inspirai, pesant bien mes mots. C'était le moment de vérité; si je devais tout lui expliquer tôt ou tard, c'était préférable de m'exécuter maintenant.

- Mon nom a changé pour Arisa quand tu es née, et papa a échangé nos identi-

Elle ne tint plus.

- Pourquoi!?

La flamme dans ses yeux me rassura. Elle serait de mon côté, elle écouterait tout ce que j'avais à dire, et elle le croirait. Elle semblait avoir une confiance absolue en moi, et je me sentis soudain beaucoup plus forte. Merci petite sœur. J'haussai les épaules.

- Parce qu'il te préfère, sans doute.

Je continuai donc en lui racontant le plus sommairement possible l'histoire de ma vie. Comme j'étais née, qui j'étais, ce que j'étais, ce que j'avais fait. J'étais persuadée qu'elle ne voudrait plus jamais me revoir après avoir entendu mon récit, après avoir appris quel genre de monstre j'étais. Mais je continuai, et elle écoutait, sans dire mot, les yeux grands ouverts, tel un enfant à qui on raconte une histoire, s'imprégnant de chacun de mes mots. Et je poursuivis, résolue à ne lui cacher aucun détail, sur Charlotte, sur la maladie et sur la mort, sur mes crimes. Je voulais m'exposer. Je voulais tout lui dire. Si cette enfant devait me rejeter, je voulais être fixée. Je voulais être un livre ouvert pour elle, qu'elle puisse lire jusqu'au recoin de mon âme la moindre de mes cachotteries. Moi, qui avait vécu dans l'ombre, je pariai sur un miracle pour obtenir la transparence, l'absolution. Plus qu'une explication, c'était une confession. Ma confession. Et elle l'entendit, hochant parfois la tête, portant parfois sa main à sa bouche.

Je lui dis tout. Absolument tout.

Quand ce fut terminé, je conservai sur mon visage un petit sourire plein de mélancolie.

Puis elle pleura, et me serra dans ses bras. Je ne compris pas. le contact de sa peau contre la mienne était nouveau, et la chaleur de son corps d'enfant qui se propageait dans mon corps de glace m'apaisa. Je me sentais comme plongée dans un autre monde, dans un rêve euphorique duquel je ne cernai pas la signification. Nous restâmes comme cela, jusqu'à ce que bientôt, hésitante je lui rendis son étreinte. Pendant un instant, je me dis que, si je mourais à cet instant, dans les bras de ma sœur, j'aurais été plus que satisfaite.

Par 3 mots, elle me sortit de ma stupeur. 3 mots si simple, que je n'avais jamais entendu.

- Je t'aime, grande sœur!

Pour la première fois de mon existence, j'éclatais en larmes. Enfin, je me sentais vivante.
***
- ...Qu'est ce que tu veux dire, petite sœur?

Elle avait l'air sûre d'elle.

- Exactement ce que je viens de te dire! Si on a le même nom toutes les deux, ça ne va pas aller! Je ne veux plus d'un nom si ce n'est pas le mien! Je veux qu'on se trouve des nouveaux noms, d'accord?

Elle paraissait fière de sa suggestion, et, je dois l'admettre, aussi naïve fût-elle, elle me plaisait bien. Changer d'identité, ça avait quelque chose d'attrayant; je repartirais enfin de 0. Oui oui, ce nouveau baptême improvisé était la meilleure chose que je pouvais faire maintenant si j'avais l'intention de tout recommencer. Il faut croire que cette sous-entendue maturité nous rend souvent hermétiques aux meilleures propositions. Je décidai que je prendrai toutes les paroles de ma sœur au sérieux, aussi ridicules puissent-elles sonner. Il me sembla que ce serait tout à mon avantage. J'étais curieuse de la façon dont elle voulait procéder cependant. Elle haussa les épaules.

- Eh bien... Au lieu de décider qui gardera le nom d'Alice, je crois qu'on devrait toutes les deux changer de nom... Alors...

Elle était profondément plongée dans ses pensées. La regarder ainsi se creuser la tête me fit sourire malgré moi. Elle finit par hocher la tête, ouvrant la bouche en O. Je ne pus m'empêcher d'être fascinée par l'expressivité de cette enfant; mes yeux brillaient rien qu'en la regardant.

- Si on se nommait nous même, ça sonnerait faux quand même... Un nom, il faut que les autres nous le donne! Alors, je vais te donner un nom, et tu me donneras un nom, et à partir d'aujourd'hui, ce seront nos vrais noms! Ça va?

Ce fut à mon tour de réfléchir. Il fallait lui trouver un nom... Ce n'était pas aussi simple que je l'aurais cru. Nommer quelqu'un était assez difficile. Il fallait prendre beaucoup de chose en considération: on ne pouvait pas juste sortir un nom au hasard comme ça et s'attendre à ce que-

- Hmm... Satoyo! Satoyo nee-chan! Ça sera super!

- ...Eh!?!? P-P-Pourquoi aussi vite!?

Elle rit et me jeta un regard enjoué.

- J'en sais rien, je trouvais ça mignon! C'est à toi maintenant! Mais attention, je veux que ce soit un nom très élégant avec beauc-

- Saki. Tu seras Saki.

Elle s'apprêtait à afficher une expression d'indignation la plus totale, mais s'arrêta dans la mimique, regardant dans les airs et posant son index sur son menton. Elle était vraiment adorable. C'était donc ça, être un enfant?

- Saki... Saki...

Elle semblait peser le nom, y réfléchir, le retourner dans tous les sens, tandis qu'elle tentait de juger de sa validité. Je pensais au nom qu'elle m'avait donné. Satoyo, ne? Ça ne sonnait pas si mal. De toute façon, ce n'est pas comme si j'avais un très grand attachement pour le nom d'Alice. Après tout, personne d'important ne m'avait jamais appelé par ce nom là, bien que si on retournait la situation, il était aussi vrai qu'avant "Saki" personne n'avait jamais eu la moindre importance. Satoyo me plaisait, je m'y habituerai vite. Bien vite, elle approuva elle aussi de mon choix de nom. J'avais choisi Saki tout simplement car les deux noms commençaient par le même son, et que c'était la première chose qui m'était venue à l'esprit. Après tout, elle ne s'était pas gênée pour choisir en moins de cinq secondes, alors je ne vois pas pourquoi je n'aurais pas dû faire pareil.

Elle bailla après un peu de discussion. Gentiment, je lui dis qu'elle devrait aller se coucher, car il commençait à se faire tard. Elle me dit qu'elle voulait s'endormir dans mes bras, mais, bien que charmée par l'idée, je la jugeai déraisonnable, et elle finit par s'en aller se coucher dans sa chambre, sans manquer de me promettre de revenir le lendemain. Je la crus, comme je croirai tout ce qu'elle me dirait dans le futur. Saki était l'incarnation même de l'honnêteté pour moi. Il m'était inconcevable qu'elle puisse jamais me mentir. En 1 jour, Saki avait su donner un sens à ma vie.

Ceci est censé être une confession: je vais donc vous admettre la première clé de mon histoire.

J'aimais Saki.
***
J'aimais Saki. Oui, c'est indéniable. On pourrait se dire qu'il est tout à fait normal qu'une sœur aime sa sœur, et on aurait raison. Or, dans mon cas, il y avait à mon amour quelque chose de bien plus profond, bien plus puissant que la simple affection sororale. J'aimais Saki, j'adorais Saki, je vénérais Saki. Une passion digne des plus grandes tragédies, un amour inexorable et incestueux. J'avoue, j'aimais Saki comme on aime notre âme sœur; car après tout, Saki elle-même était mon âme.

Ô Saki... tu as été mon tout. Tu as été le seul pont qui m'a raccroché à la vie. Grâce à toi, j'ai enfin pu savoir ce que c'était que de vivre. Ô Saki... tu auras été mon alpha et mon oméga, ma raison d'être, ma Béatrice au sommet du Purgatoire! Saki... Saki... Saki... Un jour sauras-tu me pardonner d'avoir été si piètre élève? Je suis désolée, je n'ai pas su suivre la route vers ce jardin d'Eden où tu m'attendais. Ton miracle n'aura pas suffi: ma place est sera toujours ici-bas, au fin fond du 9ème Cercle. Même toi n'auras pu m'en sortir.
***
Depuis cette rencontre avec ma sœur, ma santé ne fit que s'améliorer, au grand désarrois de mon père. Tous les soirs, Saki en cachette venait m'apporter à manger, et parler de sa journée avec moi. Elle me parlait de ses amis à l'école, de ses professeurs, des garçons parfois. J'en vins après une semaine à connaitre tout son entourage. Je partageais ses états d'âme; colère, tristesse, mélancolie, mais aussi joie, bonheur et plaisir. Tous les soirs, je l'écoutais, d'une oreille ferme, sans rien dire, buvant chacune de ses intonations. À défaut de vivre moi-même, je me résous à vivre à travers Saki. Sa vie deviendrait la mienne, car après tout, si je ne pouvais pas quitter ma chambre, cette loupe vers le monde réel est tout ce que j'avais, moi qui n'avait rien connu d'autre que ses 4 murs, qui n'avait jamais vu le soleil.

Je me satisfaisait de ses récits. Elle aimait les conter, j'aimais les entendre, et nous étions heureuses. Tous les jours, je dormais et réfléchissais à ce qu'elle m'avait dit au soir d'avant. J'attendais, impatiente, qu'elle vienne cogner discrètement à ma porte, avant de rentrer. Elle était tout ce qui me maintenait en vie. Elle était, si on veut devenue, une drogue pour moi, et de laquelle j'étais complètement dépendante. On gardait ce rythme pendant 1 mois...
***
- Satoyo? Je peux rentrer?

Sans attendre de réponse, elle se faufila dans l'ouverture de la porte, sans faire un son. Je me redressais aussitôt. Elle était deux heures en retard par rapport à d'habitude, et je m'étais presque faite à l'idée qu'elle ne viendrait pas ce soir-ci. Et pourtant, elle était là, bien que je sentis que quelque chose n'était pas pareil à l'habitude. Son intonation avait quelque chose de... triste.

Dos à moi, elle reculait avec un petit plateau de nourriture. Elle le posait sur mes cuisses, et s'assit, fixant le mur à l'autre bout de la pièce, sur le bord de mon lit. Je m'inquiétai.

- ...Ç-Ça va Saki?

Elle riait, et me répondit à l'affirmative. Mais, ça ne me plaisait pas. Quelque chose n'allait pas, pas du tout, et mon incapacité à déterminer quoi m'exaspérait sans fin. Qu'est ce qui t'arrive Saki? Pourquoi tu ne me dis rien? Et pourtant, elle commençait à parler, discutant de sa journée avec Hitomi-chan et Saito-kun. Je l'écoutais bêtement pendant un instant, et je n'y tins plus.

- Saki!

Son dos se hérissait en m'entendant. Je la saisit par l'épaule, et la forçait à me faire face. Je voulais savoir ce q-... Qu... Qu'est ce que...

- Ça...? C'est rien du tout... il a pas fait exprès, fait pas attention...

Sur toute sa joue et son œil droits se traçait une large et violacée marque bleuâtre. Une ecchymose gigantesque, qui la défigurait totalement. Malgré son sourire, je distinguais parfaitement des larmes au coin de chacun de ses yeux. J'eus envie de vomir et d'égorger quelqu'un.

- ÇA!? Un accident!? Tu te fiches de moi!?

- J'ai simplement voulu lui expliquer ce que je faisais avec toi, puis il a commencé à dire que Satoyo était... et... j'ai pris ta défense... et c'est parti tout seul.

Je crois qu'aucun mot n'est assez puissant pour décrire ma rage, ma haine à cet instant. Il n'était plus question de me faire souffrir, ou de me détester moi. Ça, j'étais en mesure de le pardonner. Par contre... qu'il ose toucher à ma sœur... je lui ferai regretter. Je gardais mon calme. Elle n'osait rien dire. Je poussai un petit soupir.

- Saki, je peux te demander une faveur?

Elle releva le visage.

- Qu'est ce qu'il y a?

Et à partir de là, tout a changé.

- Saki, apprends moi à marcher.
***

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[Code OK] Chris J'aurais volontiers mis un commentaire marrant ici, mais je perd mon doigté! {De mon côté je vais éviter les blagues vaseuses x)} Chris


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MessageSujet: Re: Satoyo "Arisa" Mittsume [Working on it~]   Satoyo "Arisa" Mittsume [Working on it~] EmptySam 5 Fév - 23:32

Ma très chère, j'ai hâte de voir ta fiche finie car je sais que tu as une bonne écriture et un bon style ! Ne tarde pas trop car tu as dépassé largement le délai ! J'suis trop gentil Cool

P.S: pour ton groupe, on verra une fois ta fiche remplie Wink ce sera plus facile je pense
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Makise Satoyo

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MessageSujet: Re: Satoyo "Arisa" Mittsume [Working on it~]   Satoyo "Arisa" Mittsume [Working on it~] EmptyDim 6 Fév - 1:00

Vraiment trop gentil! À ta place je me serais égorgée il y a longtemps!

>.< Ça fait quoi, 2 ans que j'ai pas fait ma présentation? Ugh... Désolée. En contre partie je vais essayer de me surpasser, question de faire un truc agréable à lire au moins. Ça vaudra pas deux ans d'attente, mais c'est ce que je peux faire de mieux pour remercier d"avoir patienté >.>
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Chris
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MessageSujet: Re: Satoyo "Arisa" Mittsume [Working on it~]   Satoyo "Arisa" Mittsume [Working on it~] EmptyJeu 10 Fév - 16:41

Allez ma grande je compte sur toi, tu peux le faire cheers
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MessageSujet: Re: Satoyo "Arisa" Mittsume [Working on it~]   Satoyo "Arisa" Mittsume [Working on it~] EmptyLun 30 Mai - 6:18

Désolée de l'énorme délai! J'avance un petit peu jour après jour! Vous pourrez vous attendre à ce que j'ai fini dans la semaine! Patience, et encore une fois désolée >_<
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Chris
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MessageSujet: Re: Satoyo "Arisa" Mittsume [Working on it~]   Satoyo "Arisa" Mittsume [Working on it~] EmptyMer 8 Juin - 20:27

J'espère juste que tu mettras pas autant de temps quand il s'agira de RP XD
On attend, on attend, de toutes manières y a plus grand monde en ce moment...
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MessageSujet: Re: Satoyo "Arisa" Mittsume [Working on it~]   Satoyo "Arisa" Mittsume [Working on it~] EmptyMer 8 Juin - 20:43

Je crois que c'est les examens de fin d'année pour tout le monde, moi y comprise ^^ je doute pas que le rp reprendra en force d'ici fin juin ^^. Et pour le RP, y a pas à s'en faire. L'histoire c'est que cette présentation est aussi longue parce que je dois l'écrire pour un autre truc, tout en la modifiant pour le contexte du forum, et mine de rien, ça s'avère vraiment dur et à chaque fois que j'essaye d'écrire, je jette mon produit insatisfaite une fois sur 2. Une fois le perso terminé, le RP coulera de source x)
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Tera Kimeki

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MessageSujet: Re: Satoyo "Arisa" Mittsume [Working on it~]   Satoyo "Arisa" Mittsume [Working on it~] EmptyLun 25 Juil - 19:03

z'ai hâte de voir ça ^^
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MessageSujet: Re: Satoyo "Arisa" Mittsume [Working on it~]   Satoyo "Arisa" Mittsume [Working on it~] Empty

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