Tous les élèves ou presque se trouvaient là. Certains assis sur des chaises, accoudés aux tables, d'autre debout contre un mur. Peu d'entre discutaient durant le silence qui s'éternisait. Mais la même expression flottait sur chaque visage. Un mélange d'inquiétude, de questionnement, voire même de peur... La rumeur avait déjà fait le tour de l'école, mais un discours officialisant la nouvelle était indispensable. Le professeur Erwin Lennart était aussi présent, l'air grave. Selon les bruits qui couraient, le bureau du directeur avait été retrouvé saccagé, le sol maculé de sang et c'est le professeur de botanique qui avait découvert l'horrible scène.
Un petit homme trapu au ventre rebondi approcha. Sa grande moustache blanche et soigneusement courbée remontait jusqu'aux oreilles. Il était chauve et habillé d'un élégant veston brun et d'un pantalon assortit. Il avait la bonne bouille de l'homme en qui on pouvait avoir confiance dès le premier jour. D'un geste de la main, il fit apparaître un petit escabeau pour prendre un peu de hauteur et s'adresser aux jeunes présents. Tous se mirent à le fixer, la plupart ayant deviné qu'il possédait un don d'alchimie semblable au directeur du pensionnat.
Le petit homme se racla la gorge deux fois et commença :
- Bonjour à tous. Je me nomme Fitzgerald Herbert et je suis directeur d'un pensionnat comme le vôtre : j'entends par là que nous logeons et enseignons la maîtrise des dons aux enfants comme vous. Je viens d'un endroit lointain, tout spécialement pour vous annoncer quelque chose.
Il fit un sourire peiné à son auditoire et reprit la parole après s'être à nouveau raclé la gorge.
- Chris Lastexile, le directeur de cet établissement, est introuvable depuis maintenant quatre jours. Certains d'entre vous le savent déjà; sachez que tout est en œuvre pour le retrouver...
- Il est peut-être juste partit en voyage, et reviendra bientôt ! interrompit un élève.
- Oui ! Il n'a pas pu disparaître comme ça !continua une jeune fille.
- Ecoutez, reprit monsieur Herbert, il n'est pas dans ses habitudes de partir sans prévenir personne. Je peux vous l'assurer car d'habitude c'est moi qu'il prévient, car nous somme amis de longue date et... hem, bref vous comprenez...
Les jeunes gens commencèrent à murmurer entre eux, certains désespérant de ne jamais revoir leur directeur, d'autres s'inquiétant à peine et pensant à une mauvaise blague.
- S'il vous plaît, je n'ai pas finit... le petit bonhomme suait, ne sachant comment reprendre la situation en main.
- SILENCE ! cria une grande femme au visage sévère.
- Merci, madame Delacroix, souffla Fitzgerald une fois le silence revenu. Ecoutez, de nombreux hommes et femmes possédant de grands pouvoirs sont déjà sur sa trace alors ne vous inquiétez pas ! En attendant, c'est moi qui prendra la place de monsieur Lastexile pour continuer à donner cours et ne pas vous laisser livrés à vous même. Ne vous inquiétez pas pour mon école, madame Delacroix ici présente s'en occupera. Bien, cette annonce est terminée, je vous laisse retourner à vos occupations. Demain les cours reprendront habituellement. Bonne journée !
Il leur offrit un sourire un peu plus décontracté cette fois, et sortit avec la grande femme, toujours impassible. Erwin quant à lui avait gardé le silence et hésita un moment avant de quitter la pièce à son tour.
